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Je vous recommande vivement
PHOTOSMATONS

Le blog très réussi d'une passionnée
qui vous fera très probablement découvrir
de jeunes photographes très talentueux
et reviendra également sur les plus emblématiques

Pour ma part, découvert cette année
Saul LEITER photographe américain
né à Pittsburg en 1923
SAUL LEITER


Paolo VENTURA Italien
un monde de poésie photographique
sur le coin d'une table.
PAOLO VENTURA


L'OURS & LE TULIPIER : L'intégral.

L'OURS ET LE TULIPIER", texte intégral original déposé,écrit d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
Pour en lire l'intégralité, aller dans "Archives" puis "Août 2008" et enfin "O4/08/08". puis "Article suivant" au bas de chaque page.

PhY de Pont

 L'OURS Pages de 58 à 60

Reprise du récit

Note : 2.8/5 (11 notes)

 


Suzanne :
- J'y vais Monsieur Gustave, restez tranquille.
Gustave :
- Non, laisse, cinquante pas ne peuvent que me faire du bien et je veux savoir pourquoi les journaux n'arrivent plus depuis quelques jours.
Suzanne :
- Je lui demanderai ! Allez ! Reposez vous maintenant. De toute façon de dois prendre quelques bûches.
Gustave :
- Tu veux m'enchaîner avoue ! Et demande-lui bien pourquoi ces retards ! Je veux bien être isolé mais je ne veux pas virer carmélite....
Suzanne sort du bureau.
Gustave :
... Et offre lui une petite goutte, ça le réchauffera.
Continuant à parler tout seul :
- je vais demander à Tourgueniev qu'il m'envoie les papiers nécessaires. Je veux être naturalisé Russe ! Les Français m'éreinte. Avec leur manie des chefs et des institutions. Je méprise les chefs ! Je méprise les officiers prétentieux qui ne sont utiles que pour les parades. J'emmerde les parades par la même occasion. Tous ces pantins boulonnés par leurs médailles et leurs insignes et qui sont aveuglés par leurs propres bannières dès que le vent tourne du mauvais côté. Et j'abhorre aussi les couards, qu'ils montent dans la même charette que les politiques péteux, les petits députés foireux et les généraux syphilitiques cachés par leur panse et qui vivent leurs heures de gloire aux dépens du peuple et de leurs troupes. Je me revois, et j'en frémis de honte, à la tête de mon malheureux détachement, le pistolet à la main, à faire des manoeuvres ridicules dans les bois et tenir des discours comiques sur le courage et la détermination : "Et si vous me voyez fuir, abattez-moi !" Quelle détresse ! J'aurais tout aussi bien pu me tirer une balle dans la jambe ou dans le pied. Tu poses ta plume pour aller canarder du blindage avec une pétoire tout juste bonne à faire tomber les glands d'un chêne.
Suzanne revient dans la pièce avec du courrier.
- On vous entend du chemin ! 
Gustave :
- T'occupe ! Alors, donne un peu !
Suzanne lui tendant quelques lettres :
- Ben il dit qu'il n'a pas de journaux.
Gustave :
- Comment ça il n'a pas de journaux ? Comment pas de journaux ! Factures, factures, foutre dieu ! Pourquoi n'a t'il pas de journaux ? Et comment je fais pour contre-attaquer si je ne connais pas les forces de l'ennemi, ni sa position, ni ses déplacements ? C'est un coup monté ! Un attentat !
Suzanne :
- C'est ce qu'il dit, il n'y a pas de journaux.
Gustave :
- T'as t'il dit pourquoi il n'apporte pas de journaux, cela fait maintenant près de dix jours qu'il n'y a plus aucune nouvelle. Je te le dis, la France crévera de son putain d'ulcère. On fait la guerre avec des soldats qui n'ont rien à manger, des hommes qui ne peuvent pas se déplacer. Ils se perdent sur les champs de bataille parce que notre géographie est approximative et nos cartes complètement imaginaires. Je te jure, on ferait mieux de livrer les journaux en temps et en heure.
Suzanne :
- N'allez pas encore vous échauffer pour rien.
Gustave :
- Je respecte l'ennemi que je peux combattre, mais là, la lutte est trop inégale. Saloperies de journalistes, enflures de communistes et putain de suffrage universel ! Allez hop, tout le monde en voiture !
Suzanne :
- Et qu'est ce qui vous chagrine avec ça hein ? Qu'est ce que vous avez à redire là-dedans ? Vous pensez peut-être qu'on doit revenir à l'époque des cerfs, qu'il faut qu'on travaille du matin au soir sans broncher, avec juste un petit verre de goutte dans le gosier et une poignée de cerises à la fin du mois. On va revenir aux maîtres sans deux sous de bonté. Vous trouvez pas qu'il y a assez de monde qui marche plié en deux ?
Gustave :
- Pas de précipitation on va pas faire de retour en arrière, pas pour l'instant, mais je persiste à dire que les voix des suffrages doivent être comptées d'une manière différente, si on veut que les diligences et les journaux arrivent à temps. Je vais t'affoler mais j'estime valoir au moins vingt ou trente électeurs de Canteleu. Tous des boeufs ! Regarde Louis qui ne reconnait pas sa main de son pied, le père Hestainus qui n'a pas désaoulé depuis au moins vingt ans, et si on se penche sur le cas de chacun, on obtient un ramassis de peigne culs.

Commentaires

Cher Gustave

Je passais par hasard sous tes fenêtres et viens donc d'entendre ta théorie digne d'un Bouvard mesurant son droit de vote en fonction de son intelligence, de la taille de son cerveau (de la méthode, de la méthode ! )tu  l'imagines cette scène ? tordande non ? Arrête donc de brailler et demande donc conseil à ton amie George Sand. Aborde cependant la question avec prudence. Tu sais qu'elle vient diectement du peuple ou presqaue. Elle pourrait prendre ombrage et t'écaser la cigarette sur le tarin.

 

 

Re:

Jean,
tu connais certainement cette phrase de Winston Churchill (qui en décidément proféré un tas) sur l'avantage et l'inconvénient du suffrage dans nos pays illuminés par la grâce démocratique:
"Dans une démocratie, un génie peut découvrir l'origine du monde, mais sa voix compte autant que celle du premier crétin venu".
N'est-ce pas parfois regrettable (étant donné que bien entendu, je suis frère de l'un et de l'autre)?

 

 

Re:

Elle vient du peuple ou presque… C’est plutôt presque !
« Vous me demandez, mon bon Monsieur, si j’ai bien connu Madame Sand… Oh ! Oui, pensez donc, on était, dans notre famille, domestiques au château depuis trois générations.
La vie à Nohant, chez la Dame, je la sais autant dire par cœur… D’abord par ma mère, mais surtout par défunt ma tante, qui était servante de cuisine chez ses grands parents : les Dupin de Francueil, à quatorze ans. Faut vous dire qu’aux entours de dix-huit cent et tant, il y avait pas mal de domesticité dans la maison… D’après ma chère tante, la Lucie, c’était une famille de « grands ». Il y avait eu des « maréchals *» , des comtes, des princes d’Allemagne, et même, à ce qui paraît, un roi. Le jardinier disait même qu’il avait appris par Monsieur le curé qu’elle descendait du roi Saint Louis « par la cuisse gauche ».
*C’est écrit comme ça dans le bouquin en question.
Si la vie de la Dame de Nohant t’intéresse, je te conseille un charmant petit livre :  « A Nohant, chez la dame… » de Jean-Louis Boncoeur, un conte rustique comme l’auteur défini lui-même son ouvrage, on y apprend plein de détails sans beaucoup d’importance, mais certainement pas que notre bonne George soit issue du bon peuple, même si ses rapports avec ses gens aient été les plus cordiaux.
Quant aux orientations de ce cher Gustave sur le suffrage universel et la démocratie, je lui en laisse la totale paternité, mais il n’a pas été le seul à prendre de telles positions, la démocratie du reste demande une certaine information, une éducation minimale, une lecture intelligente des données. Il pose simplement la question : « que vaut la voix d’un individu qui ne sait rien du candidat qu’il va soutenir, de son programme, de ses visions de l’avenir, de son souci du passé et de l’histoire ? » Combien de citoyens reconnaissent choisir leur candidat sur leur bonne mine ?

 

 

A gustave

Tu vois bien que tu a de nombreux amis . Cesse de gémir

A leblase : C'est vrai que c'est parfois dommage. L"inverse est aussi regrettable à cause des mauvais génis

A phy ! merci pour le livre que je vais lire vu que je "l'affectionne "la george
A tous : Voici une réponse de george sur le sujet (la deuxième lettre)
http://pagesperso-orange.fr/jb.guinot/pages/corrGFGS2.html

 

 

Re:

Jean,
tu as absolument raison sur les mauvais génies.Même les bons sont peu fiables. Regarde Eistein, unanimement considéré comme un génie: sa participation au projet Manhattan à Los Alamos, donc sa contribution à l'explosion de deux bombes atomiques sur des populations civiles le hantèrent longtemps.
"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" me dit souvent ma femme de ménage. 

 

 

Re:

Parfait ce site Jean, il fut une grande source d'informations, au même titre que celui de Yvan Leclerc de l'Université de Rouen, pour l'écriture de l'Ours.
Je dirais même qu'auprès de ces flaubertiens chevronnés, je vais office de troisième commis à couper le persil.

PhY

 

 

Re:

les experts ont  certes leur utilité. Ta pièce c'est autre chose. Elle donne du plaisir (y compris aux experts j'en suis sûr :-)

 

 

Merci Jean

Et moi, je me suis dit que je vais googler comme Jean pour pouvoir m'introduire dans vos discussions mais manque de chance, je suis tombée sur ça !
Il ne faut pas exagérer, j'ai quand même de la chance puisque j'ai au moins appris quelques petites choses de cette george et de ce bouvard !

 

 

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L'Ours & le tuliper, texte original déposé d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
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