Suzanne :
- J'y vais Monsieur Gustave, restez tranquille.
Gustave :
- Non, laisse, cinquante pas ne peuvent que me faire du bien et je veux savoir pourquoi les journaux n'arrivent plus depuis quelques jours.
Suzanne :
- Je lui demanderai ! Allez ! Reposez vous maintenant. De toute façon de dois prendre quelques bûches.
Gustave :
- Tu veux m'enchaîner avoue ! Et demande-lui bien pourquoi ces retards ! Je veux bien être isolé mais je ne veux pas virer carmélite....
Suzanne sort du bureau.
Gustave :
... Et offre lui une petite goutte, ça le réchauffera.
Continuant à parler tout seul :
- je vais demander à Tourgueniev qu'il m'envoie les papiers nécessaires. Je veux être naturalisé Russe ! Les Français m'éreinte. Avec leur manie des chefs et des institutions. Je méprise les chefs ! Je méprise les officiers prétentieux qui ne sont utiles que pour les parades. J'emmerde les parades par la même occasion. Tous ces pantins boulonnés par leurs médailles et leurs insignes et qui sont aveuglés par leurs propres bannières dès que le vent tourne du mauvais côté. Et j'abhorre aussi les couards, qu'ils montent dans la même charette que les politiques péteux, les petits députés foireux et les généraux syphilitiques cachés par leur panse et qui vivent leurs heures de gloire aux dépens du peuple et de leurs troupes. Je me revois, et j'en frémis de honte, à la tête de mon malheureux détachement, le pistolet à la main, à faire des manoeuvres ridicules dans les bois et tenir des discours comiques sur le courage et la détermination : "Et si vous me voyez fuir, abattez-moi !" Quelle détresse ! J'aurais tout aussi bien pu me tirer une balle dans la jambe ou dans le pied. Tu poses ta plume pour aller canarder du blindage avec une pétoire tout juste bonne à faire tomber les glands d'un chêne.
Suzanne revient dans la pièce avec du courrier.
- On vous entend du chemin !
Gustave :
- T'occupe ! Alors, donne un peu !
Suzanne lui tendant quelques lettres :
- Ben il dit qu'il n'a pas de journaux.
Gustave :
- Comment ça il n'a pas de journaux ? Comment pas de journaux ! Factures, factures, foutre dieu ! Pourquoi n'a t'il pas de journaux ? Et comment je fais pour contre-attaquer si je ne connais pas les forces de l'ennemi, ni sa position, ni ses déplacements ? C'est un coup monté ! Un attentat !
Suzanne :
- C'est ce qu'il dit, il n'y a pas de journaux.
Gustave :
- T'as t'il dit pourquoi il n'apporte pas de journaux, cela fait maintenant près de dix jours qu'il n'y a plus aucune nouvelle. Je te le dis, la France crévera de son putain d'ulcère. On fait la guerre avec des soldats qui n'ont rien à manger, des hommes qui ne peuvent pas se déplacer. Ils se perdent sur les champs de bataille parce que notre géographie est approximative et nos cartes complètement imaginaires. Je te jure, on ferait mieux de livrer les journaux en temps et en heure.
Suzanne :
- N'allez pas encore vous échauffer pour rien.
Gustave :
- Je respecte l'ennemi que je peux combattre, mais là, la lutte est trop inégale. Saloperies de journalistes, enflures de communistes et putain de suffrage universel ! Allez hop, tout le monde en voiture !
Suzanne :
- Et qu'est ce qui vous chagrine avec ça hein ? Qu'est ce que vous avez à redire là-dedans ? Vous pensez peut-être qu'on doit revenir à l'époque des cerfs, qu'il faut qu'on travaille du matin au soir sans broncher, avec juste un petit verre de goutte dans le gosier et une poignée de cerises à la fin du mois. On va revenir aux maîtres sans deux sous de bonté. Vous trouvez pas qu'il y a assez de monde qui marche plié en deux ?
Gustave :
- Pas de précipitation on va pas faire de retour en arrière, pas pour l'instant, mais je persiste à dire que les voix des suffrages doivent être comptées d'une manière différente, si on veut que les diligences et les journaux arrivent à temps. Je vais t'affoler mais j'estime valoir au moins vingt ou trente électeurs de Canteleu. Tous des boeufs ! Regarde Louis qui ne reconnait pas sa main de son pied, le père Hestainus qui n'a pas désaoulé depuis au moins vingt ans, et si on se penche sur le cas de chacun, on obtient un ramassis de peigne culs.
Qui vaut le coup
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PHOTOSMATONS Le blog très réussi d'une passionnée qui vous fera très probablement découvrir de jeunes photographes très talentueux et reviendra également sur les plus emblématiques Pour ma part, découvert cette année Saul LEITER photographe américain né à Pittsburg en 1923 SAUL LEITER Paolo VENTURA Italien un monde de poésie photographique sur le coin d'une table. PAOLO VENTURA Pour s'y retrouver.
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L'OURS & LE TULIPIER : L'intégral.
L'OURS ET LE TULIPIER", texte intégral original déposé,écrit d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
Pour en lire l'intégralité, aller dans "Archives" puis "Août 2008" et enfin "O4/08/08". puis "Article suivant" au bas de chaque page. PhY de Pont L'OURS Pages de 58 à 60Reprise du récitCommentaires
Cher Gustave
← Re:
Jean,
← Re:
Elle vient du peuple ou presque… C’est plutôt presque !
« Vous me demandez, mon bon Monsieur, si j’ai bien connu Madame Sand… Oh ! Oui, pensez donc, on était, dans notre famille, domestiques au château depuis trois générations.
La vie à Nohant, chez la Dame, je la sais autant dire par cœur… D’abord par ma mère, mais surtout par défunt ma tante, qui était servante de cuisine chez ses grands parents : les Dupin de Francueil, à quatorze ans. Faut vous dire qu’aux entours de dix-huit cent et tant, il y avait pas mal de domesticité dans la maison… D’après ma chère tante, la Lucie, c’était une famille de « grands ». Il y avait eu des « maréchals *» , des comtes, des princes d’Allemagne, et même, à ce qui paraît, un roi. Le jardinier disait même qu’il avait appris par Monsieur le curé qu’elle descendait du roi Saint Louis « par la cuisse gauche ».
*C’est écrit comme ça dans le bouquin en question.
Si la vie de la Dame de Nohant t’intéresse, je te conseille un charmant petit livre : « A Nohant, chez la dame… » de Jean-Louis Boncoeur, un conte rustique comme l’auteur défini lui-même son ouvrage, on y apprend plein de détails sans beaucoup d’importance, mais certainement pas que notre bonne George soit issue du bon peuple, même si ses rapports avec ses gens aient été les plus cordiaux.
Quant aux orientations de ce cher Gustave sur le suffrage universel et la démocratie, je lui en laisse la totale paternité, mais il n’a pas été le seul à prendre de telles positions, la démocratie du reste demande une certaine information, une éducation minimale, une lecture intelligente des données. Il pose simplement la question : « que vaut la voix d’un individu qui ne sait rien du candidat qu’il va soutenir, de son programme, de ses visions de l’avenir, de son souci du passé et de l’histoire ? » Combien de citoyens reconnaissent choisir leur candidat sur leur bonne mine ?
←
A gustave
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Jean,
← Merci Jean
Et moi, je me suis dit que je vais googler comme Jean pour pouvoir m'introduire dans vos discussions mais manque de chance, je suis tombée sur ça !
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