Bénit soit le prédicateur qui arrive des images plein les mains, mais aussi des reproches plein la musette et des mauvaises notes à faire fumier.
Plus ça va, plus je les aime les chevaliers à l'armure immaculée ruisselante de lumière et au panache déployé dans le vent tiède de l'aventure, le visage aimablement buriné par un soleil complaisant et délicatement enturbanné dans les plis d'un chèche impeccables, ces chevaliers disais-je qui parcourent la planète sous l’air frais des pales de leurs hélicoptères, s'acquittant fièrement et volontiers de la taxe carbone en faisant profession de nous montrer nos ignominies à travers l’optique ultra lumineux d’un appareil haut de gamme ou le prisme de films, certes d'une esthétique époustouflante mais tronqué par l'élévation d'un regard qui prend sa distance.
La bouche penchée sur mes tagliatelles à la tomate, un œil vissé sur l’écran du téléviseur et l’autre langoureusement posé sur l’être qui charme mon existence, je pensais, regardant ces images, dans mon fort intérieur qu’il y a de la classe sur cette boule là, car elle reste admirable notre planète, surtout vue du ciel, lorsqu' à l’heure du dîner, et sur des musiques célestes elle offre au regard du téléspectateur dévoré par la fatigue d’une semaine de labeur, ses plaies multicolores, ses pustules bariolées, ses bubons putrides, ses membres brisés, ses nécroses, ses escarres, ses ulcérations, n’en jetez plus la décharge est pleine.
Quel inventaire, quel insoutenable catalogue, que d’exactions insupportables les générations successives d'humains on pu perpétrer sur cette malheureuse terre, force est de le reconnaître. Mais qui cela surprend t’il ? Comment ces peuples de terriens, tous confondus dans la même trajectoire astronomique peuvent-ils être surpris devant ces désordres dramatiques ? N’a-t-on pas déjà vu pire ? L’homme n’a-t-il pas déjà détruit l’homme par le passé ? Je pose la question. Les mots massacre, carnage, boucherie, holocauste ne sont ils que des inventions littéraires des vues de l’esprit, des contes pour faire peur aux enfants ? A qui fera t’on croire que l'étalage de ces quelques fleuves boueux et malades de la peste, de ces mines béantes enveloppées dans la pollution, de ces cimenteries crachant leurs volutes de poisons évaporés, de ces centrales de plus en plus gigantesques, de ces pipe line en feu, modifiera les façons de produire et donc de consommer, freinera les penchants de l'homme pour l'exploitation et de son prochain et de ses faiblesses, l'accroissement de son tas d'or, son l'inextinguible besoin de dominer son environnement. Alors on découvre ?
Les pâtes sont froides, de toutes façons on mange trop paraît-il, trop de viande, les flatulences des vaches auront raison de l'espace laissé libre sous la couche d'ozone par nos autres pollutions, trop de produits bios, parce que le bio c'est l'ennemi non pas de la planète mais de l'humanité croissante.
Car enfin, est-ce le consommateur qui souhaite en permanence qu’on l’abreuve de tentations, de fausses facilités ? Est-ce la volonté des consommateurs de payer davantage d’emballage que de produit ? Mais passons, nous avons été sensibilisés et c’est plutôt un bienfait mais au-delà, nous avons été, comme des enfants, copieusement culpabilisés.
Mais je me souviens d’un temps pas si lointain où l’on faisait traverser la France dans tous les sens par le très fameux train des pièces jaunes, avec tout le pathétisme ferroviaire requis, et l’on voyait des centaines de gamins apporter à nos emblématiques champions de la générosité chrétienne, dans leurs mimines potelées les petites pièces longuement épargnées alors que dans le même temps, le Clémenceau, ex-fleuron de notre défense stratégique faisait des ronds dans tous les océans du monde pour se faire démanteler non pas proprement mais par des gens dont l’état de santé nous préoccupait nettement moins. Cohérence quand tu nous tiens… !
Et la projection de Home coïncidait presque avec la célébration du 65 anniversaire du débarquement de Normandie. Combien d’hélicoptères de limousines blindées, de voitures de fonction ont-ils été nécessaire pour transporter, sécuriser, satisfaire les quelques 7000 invités de notre Président ? Vanité quand tu nous tiens aussi… Ce n’est qu’une goutte d’eau dans le paysage, certes, mais d’où espérons nous que viendra l’exemple de comportements intelligents et citoyens ?
Voxpopuli
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