MONDE SAUVAGE ..!
Il y a quelques temps, bien longtemps, au temps du mois de mai ou de juin, Ancolie nous gratifiait d’une superbe photographie d’écureuil, terme vernaculaire autant qu’ambigu décrivant une bestiole gracile autant que fragile laquelle se croyant dissimulée dans les frondaisons d’un bel arbre protecteur, tenait dans ses petites pattes, non pas un fromage, mais un gland, gland que l’on aurait pu croire ciré tant il luisait sous la feuille verte, tendre et translucide.
Son gros œil rond, le seul visible dans l’image me fixait avec un semblant d’intelligence et il m’aspira dans une spirale nostalgique d’images d’un temps révolu, du temps de ma tendre enfance, (difficile semble t’il de séparer ces deux mots).
A cette époque, les animaux qui peuplaient notre belle planète bleutée étaient tous totalement inoffensifs, noirs ou blancs selon les espèces et vaquaient paisiblement à leurs activités pacifiques. Les gros lions débonnaires, avachis dans une savane luxuriante, observaient d’un œil amusé et somnolent les jeux innocents de leur progéniture insouciante. Plus haut, perchées sur leurs interminables gambettes, des girafes engloutissaient les fines pousses d’acacias, leurs petits entre les pattes. Les images étaient de Frédéric Rossif et la voix incomparable de Claude Darget accompagnait la course rapide du soleil d’Afrique qui se noie dans la surface immobile d’un lac millénaire.
Qu’elles étaient belles ces images qui mettaient en scène les animaux de toutes espèces, nos colocataires terrestres qui rampent, qui volent, qui galopent dans les espaces infinis, qui sautent d’arbre en arbre dans les forêts épaisses, les toundras glacées, les campagnes paisibles ou les profondeurs de toutes les mers et de tous les océans de notre boule brillante et tournoyante. Les enfants de cette époque avaient bien de la chance, ignorant les jeux vidéos débilisant, ils jouaient aux cowboys et aux indiens, aux gendarmes et aux voleurs en utilisant l’index et le majeur de leurs mains pour faire des revolvers ou au pire leurs avant bras pour mitrailler dans des tatatatata mortels des ennemis imaginaires et momentanés.
Aujourd’hui, à l’ère de la taxe carbone, que l'on pourrait appeler si elle nous est réellement restituée l'Emprunt Carbone, les animaux de notre planète ont subis de bien lourdes métamorphoses. Est-ce le résultat des OGM, des pesticides, de l'action d'Hortefeux ... ? Désormais, à l’heure du goûté, quand la pâte de noisette nappe le petit pain au lait, les films animaliers dévoilent à nos chères têtes blondes (encore deux termes fréquemment associés) des museaux nettement moins sociables qu’à mon époque. Les ours patauds qui, juchés sur des nuages improbables, jetaient sur nos nuits d’enfant de grandes poignées de sable étincelant sont devenus de sanguinaires créatures, la griffe acérée et l’œil vicieux, guettant du sommet des cascades nordiques des familles entières de saumons épuisés, pour les dépecer vivant et n’en laisser flotter dans les remous des eaux glacées que des lambeaux de peau sanguinolents. Nos océans obscures et polués sont peuplés de requins monstrueux qui passent le plus clair de leur temps à hacher d’innocents bébés phoques, même les chiens de nos campagnes s’en prennent à nos enfants d’humains, les déchiquetant, à l'ombre des éoliennes, avec une fureur toute terrifiante, nous faisant mesurer toute la distance qui semble t’il, nous sépare de l’animal. Mais qui se réduit comme une peau de chagrin, comme un iceberg dans l'Arctique.
D'ailleurs c'est décidé, demain je pose ma pèche sur le trottoir d'en face.
Voxpopuli
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