J. avait ouvert une porte et PhY, comme souvent, lorsqu’il s’agissait de porte, s’y engouffra sans aucune précaution.
Tant elles sont infinies, sur le perron des recherches, le vertige est immense. La manne informatico-informative est à la démesure de l’œuvre de l’illustre Normand et les ramifications innombrables que déclenche le moindre clic de souris participent à l’égarement du chercheur solitaire lambda, ce qui était le cas.
Par où commencer pour résumer en un monologue d’une heure trente la personnalité et le talent du grand Flaubert ? PhY se posa la question durant deux longs jours ? Et de surcroît un monologue destiné à être joué par le grand et volumineux J. ? Pour cette raison il ajouta deux autres longs jours de réflexion aux premiers ?
La solution de facilité consistant à lire la correspondance diagonalement et de « postiter » à l’envie les phrases les plus redondantes, les plus bruyantes, celles à travers lesquelles percent la colère, l’exaspération, l’outrance, de les ligaturer savamment ensemble, à la manière d’un bouquet garni, d’en épicer la sauce avec force formules acérées, d’en soumettre l’intonation à la grosse voix qui tonne ou au souffle imperceptible des lèvres asséchées par la poignante douleur, en se rappelant à chaque phrase de l’épreuve du « gueuloir » à laquelle Flaubert soumettait le bel ordonnancement de son style.
Tout d’abord, rendre hommage ici à la richesse des sites flaubertiens et des pages « flaubertines » est, somme toute, la moindre des choses. En guise de préambule et puisqu’il paraît que le démiurge romain est un poil pointilleux, rendons au divin César le patrimoine dont il est le détenteur et inclinons nous respectueusement sur le travail titanesque, colossal (y a-t-il quelque chose de plus grand ?) effectué par Monsieur Yvan Leclerc à travers le site qu’il consacre à Flaubert. – Consulter Université de Rouen Centre Flaubert – Puis les liens indispensables [jb.guinot] et à la fin, tapez Flaubert et vous verrez bien !
La Pléiade, incontournable et ses 5 volumes, ses milliers de pages, de lettres, le croisement des diverses correspondances, celle de Louis Bouilhet, le très fidèle et « l’accoucheur », de Maupassant le fils spirituel, dont Flaubert disait non sans une pointe de jalousie « qu’il écrivait comme il sautait », de George Sand l’Amie des âmes en peine, de Louise Collet la Muse acidulée, des frères Goncourt les chroniqueurs du temps, de Sainte Beuve, la voix de la vérité vraie et de la critique tant redoutée, de Maxime Du Camp le bellâtre vagabond et compagnon de chaudes pisses...
La reprise des biographies était également au menu des réjouissances - Herbert Lottman - Henri Troyat - Sartre - Julian Barnes, des préfaces récoltées sur les dizaines d’éditions que PhY collectait au gré des bouquinistes, celle de Montherlant, de Félicien Marceau de Troyat à nouveau et de tant d’autres.
Ensuite ou plus exactement dans le même temps, car « ensuite » pourrait donner l’impression que l’inachevable lecture de ces correspondances est arrivée à son terme, les Œuvres sur lesquelles il est nécessaire de s’arrêter un moment.
PhY, bleu et néophyte patenté, est devenu un fou de Gustave mais pas au point de faire preuve d’aveuglement. L’homme est immense, son caractère étonnant, sa détermination et sa sincérité incontestables, son perfectionnisme inouï... Et justement, au titre de toutes ces parenthèses, l’homme n’est pas loin d’escamoter l’écrivain, les récits et les carnets de voyages, à la relecture, estompent peu à peu les romans tout comme la correspondance dissimule à l’ombre de sa spontanéité l’incroyable travail de recherche et l’érudition qu’il s’acharnait à faire discrètement percer derrière l’apparente facilité d’écriture.
Madame Bovary est le pur chef d’œuvre, chaque paragraphe est une dentelle précieuse, chaque phrase est achevée comme une colonne de temple égyptien, la perfection est derrière les pylônes, au bout de l’allée des sphinx. Ce n’est peut-être pas innocent si on lui fait confiance lorsqu’il dit avoir trouver son titre « Madame Bovary » lors de son voyage en Egypte.
On reconnaît depuis longtemps que Madame Bovary a atteint les sommets de l’écriture en donnant naissance au roman moderne mais c’est une fois encore à l’aspect purement humain, que ce soit à travers le scandale déclenché par la libido de l’héroïne, le procès des censeurs ou par le biais des trahisons dont se sont enveloppées les premières parutions, à qui on doit l’éclairage initial de ce roman.
Flaubert est mon parent, probablement... A suivre.
Voxpopuli
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