Si on dit parfois à raison que l’appétit vient en mangeant, il ne fut pas systématiquement au rendez-vous de tous les romans dévorés, au risque de ramasser la trempe du siècle et les inévitables volées de bois vert que ne manqueront pas de m’envoyer les puristes.
Après avoir dégusté presque irrationnellement Madame Bovary et Cie, (le mari béat, le génial Homais, le terrifiant Lheureux, le pathétique Rodolphe, Bournisien le curé de service et Léon le péteux), après avoir vacillé d’un étrange bonheur à la lecture de la Tentation de Saint Antoine, véritable et sublime coup de massue littéraire, après avoir engloutit avec avidité les premiers chapitres des aventures de Bouvard & Pécuchet et avoir fébrilement emboité le pas des deux experts à travers la variété de leurs délires successifs, pour PhY, le plongeon dans l’univers onirique de Salammbô, passé les cinquante premières pages, fut entrecoupé de bâillements révélateurs. Il lui semblait bien se souvenir d’une phrase prononcée par Sainte-Beuve au sujet de de la fille d’Hamilcar : « Ca sent la lampe et la sueur ! »
Ils semblaient bien loin les premiers textes et les notes des grands voyages : Voyages dans les Pyrénées, Voyages en Orient, les textes de toute une vie. PhY, modestement, cernait l’angoisse que devait éprouver Gustave lorsqu’il n’avait pas la certitude de produire un chef d’œuvre. Et pourtant... Si l’écriture de Par les champs et les grèves, des Voyages en Orient subissait, avec bonheur, le décalage entre le visuel et la rédaction, la réalité du terrain et la fiction flaubertienne, les efforts d’écritoire eux se ressentaient dans les batailles éléphantesques et les beuveries carthaginoises.
Donc L’éducation sentimentale et la Tentation de saint Antoine, Madame Bovary, Salammbô, Bouvard et Pécuchet et le bijou final : Les trois contes, furent passés au tamis de la gourmandise littéraire.
Mais les gammes géniales d’écriture que faisait Gustave durant ses périples aventureux, les lettres fleuves qu’il adressait à sa mère ou à ses proches constituaient pour PhY le terreau idéal du futur projet, tellement plus humanistes que les grands romans.
Sans l’ombre de l’amorce de la prodigalité mais avec la même démarche que celle de Flaubert, PhY aggloméra et concrétisa lectures et notes en de longues tirades Gustaviennes, toutes marquées, à grand tort, d’exacerbations apoplectiques.
PhY imaginait bien le grand J., blafard sous l’éclat d’une poursuite, les mains enfoncées dans les poches d’une redingote poussiéreuse, la voix blanchie par la dramaturgie et la colère déclamer comme le tonnerre les diatribes de saint Polycarpe.
« Quel jouit sens ! »
Voxpopuli
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