Mots-clés : Journalistes, Caserlaïneh, Esbekieh, Nil
Suzanne :
- Oui da, je vous pardonne, je sais bien ce que vous êtes en fin de compte. Les gros chiens n'aboient pas, ils mordent sans prévenir. Mais ne croyez pas que vous êtes seul au monde. Ne dites plus ces horribles choses sur Monsieur Guy, il souffre tant de sa maladie, quand je l'ai vu, avec son pauvre oeil qui saute sans arrêt et toues les grimaces qui le défigurent, j'ai été effrayée. Moi en tout cas, je vous aime. Enfin, je vous aime bien.
Gustave :
- Je gueule, Suzanne, et je peste, et je fulmine aussi, je suis comme le Stromboli ! Mais c'est thérapeutique, cela m'aide à vivre et surtout à supporter de vivre. Des fois, ma cervelle est comme du moût de raisin et j'ai les nerfs tordus, on dirait les câbles d'un navire. Je me sens qomme sur le pont d'une felouque, ballotté et écrasé par la chaleur. Sais-tu qu'il fait si chaud dans ces pays d'Orient que j'ai visité, que parfois des nuées d'oiseaux morts et plus secs que des sarments grillés, s'abattent en plein jour sur les caravanes.
Suzanne se signe :
- Ho ! Quelle horreur ! Je veux bien croire que note seigneur sait ce qu'il fait et qu'il a créé bien des prodiges sur notre terre, mais boudieu, cette chaleur, ça doit rendre tous les gens fous.
Gustave :
- C'est leur terre et des hommes et ces femmes là semblent s'en accommoder. T'ai-je déjà dit que les femmes d'Egyptes sont bleues ? D'un beau bleu bien profond.
Suzanne :
- Ah bon ? C'est pas Dieu possible ! Mais ma parole, vous me prenez pour une gourdasse ?
Gustave :
- Que leur regard est terrible, il transperce la boite crânienne et met à nue l'âme des hommes qu'elles croisent. De leurs prunelles, elles te sondent mieux qu'un instrument chirurgical, qu'importe les fards qui te recouvrent, qu'importe les grimaces qui te dissimulent et les vertus mensongères qui te soutiennent comme des béquilles, elles savent te déshabiller et tu te retrouvent nu et grelottant, à quate pattes dans le sable, malgré les rayons du soleil qui te cuisent la couenne.
Suzanne :
- Je n'arrive pas à croire ça !
Puis voyant Gustave rire dans sa moustache de sa stupeur, elle lui donne un petit coup de poing sur la poitrine.
- Gustave Flaubert, vous pouvez dire que c'est fini ! A partir de cet instant, je vous déteste pour de bon et jamais plus je ne vous dirai un seul mot ! Vous m'avez entendu ou quoi ?
Gustave :
- Assurément, je t'ai entendue ! Tu es savoureuse ma Suzanne. Mais tu sais, ces femmes ne sont ni plus belles ni moins belles que celles que j'ai connues ici. Beaucoup moins belles que toi par exemple. Elles étaient plus loin, simplement. On dit que la distance déforme, mais parfois, elle sait aussi arranger. C'est un peu ce que me reprochent les jeunes lettrés d'aujourd'hui, qui décortiquent mon oeuvre sans complaisance, avec leurs microscopes foireux et leurs scalpels rudimentaires. Ils m'accusent de détourner l'information, de travestir la vérité. Mais bon sang, c'est mon credo ! Je ne suis pas naturaliste, ni observateur objectif, non, je suis romancier et j'invente. Mais je n'invente pas plus qu'un journaliste, sauf que pour lui c'est bien plus grave. J'ai vu le sphinx, les temples somptueux, les pyramides, j'ai ressenti dans ma chair les frissons le l'histoire, les civilisations, tout cela vibre dans l'atmophère de l'Egypte, tout là-bas est grandiose, écrasant, spirituel. Mais tout cela ne vaut pas l'encre qu'il faut pour l'écrire si on ne voit pas les hommes et les femmes qui y vivent, les enfants, les souffrances, les joies, les larmes, le quotidien en somme.
Il faudrait obliger le bourgeois qui visite l'Egypte à traverser l'hôpital de Caserlaïneh ou celui de l'Esbekieh avant de monter sur une felouque pour descendre ou remonter le Nil lascivement, comme du gras sur de l'eau courante. Je te passe la puanteur, l'horreur des détails, les turbans collés aux plaies, dissimulant à peine les lèpres blanchâtres. Les fous qui hurlent dans leurs cellules, les vieux qui pleurent et qui supplient pour qu'on leur coupe un bras malade ou une jambe pourrie et les chiens faméliques qui viennent lécher les pansements ensanglantés. Nos hôpitaux sont des palais auprès de ces endroits lamentables. Il faudrait traîner la-dedans ces cabots et ses rentierss et les attacher toute une nuit à un pestiféré pour qu'ils acquièrent, au petit matin, le droit de poursuivre leur périple la tête haute.
Qui vaut le coup
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PHOTOSMATONS Le blog très réussi d'une passionnée qui vous fera très probablement découvrir de jeunes photographes très talentueux et reviendra également sur les plus emblématiques Pour ma part, découvert cette année Saul LEITER photographe américain né à Pittsburg en 1923 SAUL LEITER Paolo VENTURA Italien un monde de poésie photographique sur le coin d'une table. PAOLO VENTURA Pour s'y retrouver.
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L'OURS & LE TULIPIER : L'intégral.
L'OURS ET LE TULIPIER", texte intégral original déposé,écrit d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
Pour en lire l'intégralité, aller dans "Archives" puis "Août 2008" et enfin "O4/08/08". puis "Article suivant" au bas de chaque page. PhY de Pont L'OURS Pages de 65 à 67Commentaires
Est-ce le seul endroit qu'il ait visité (l'Egypte) ?
← Re: Les voyages... Quel joie.
La question devrait toujours être posée au retour d’une destination lointaine et exotique : " Ai-je bien vu et découvert le pays d’où je rentre ou ne m’a-t-on montré que la devanture, la façade esthétique, la reliure brillante ?"
Flaubert et son compagnon Du Camp ne se sont pas contentés de visiter l’Egypte, ils ont aussi parcouru la Palestine, Jérusalem, Beyrouth et le Liban, puis Rhodes où ils restent en quarantaine, l’île étant frappée par une terrible épidémie de choléra. Gustave et Maxime se rendent à Smyrne, la Turquie et Constantinople, la Grèce et Athènes. Gustave dit « Quels hommes que ces Grecs ! La vue du Parthénon est une des choses qui m’ont le plus pénétré de ma vie. »
Pour ma part, c’est le jour qui se lève dans la grande salle hypostyle du temple de Karnak, le choc et l’émotion.
Et enfin retour par le Péloponnèse, l’Italie avec Naples en particulier. Nous sommes en 1851, Flaubert n’a que 30 ans. Le voyage s’est effectué par train, depuis Paris, barge, bateau, à dos de cheval, de chameau, à bord de « cange », de felouque, à pied… Il a vu tous ces endroits avec son incroyable sens de l’observation, sa sensibilité incomparable, son émotion exacerbée.
Nos compatriotes, nos contemporains reviennent de voyages en disant : « J’ai fait le Maroc » et ils se sont contentés de séjourner 8 jours à Marrakech, dans un hôtel 5 étoiles, dans la palmeraie et ont traversé deux trois fois les souks et la place Jamaâ El Fna, ils ont fait l’Egypte, aussi, pas fainéants les touristes aujourd’hui, en ayant descendu le Nil à bord de l’un de ces hôtels flottants, et visité les sites totalement encadrés… Mais c’est comme ça, je ne fais pas de critique malgré le ton, je fais comme eux, seulement très peu de gens, parmi la masse ce ceux qui voyagent vont au fond du voyage en s’interrogeant sur les réelles conditions de vie, le vrai quotidien des gens qu’ils aperçoivent de loin, à travers les vitres du bus. Je pense que leblase pourrait développer le vrai sens du voyage, nous dira t’il un jour son implication ?
Mais comme je ne suis pas sûr que l'implication que l'on peut développer lors d'un voyage puisse avoir la moindre influence sur les gens que l'on croise ou les terres que l'on foule, il reste le plaisir pur, même s'il est un peu (beaucoup) égoïste. PhY
← J'adore ta photo
En visitant le village d'Abyaneh, pas si loin de ce fameux central nucléaire de la ville de Natanz en Iran j'ai vraiment été sous le charme. J'ai acheté un petit souvenir à cette dame : Une courge (en haut à droite). Dans le temps, ils n'avaient pas de bouteille, du coup, pour transporter des produits, ils vidaient une grande courge et s'en servaient essentiellement pour transporter du liquide. Je l'ai payé 8000 touman (~ 8 euros). En l'achetant, je savais que je me faisais avoir. Plus loin dans le village, je rencontre une dame qui me demande la raison pour laquelle j'avais acheté cette courge; elle se demandait à quoi cela pouvait bien me servir. Je lui ai dit que c'était un souvenir. Ne me comprenant pas, elle m'a demandé combien je l'ai acheté. Lorsqu'elle a entendu le prix, elle n'en revenait pas. Elle a réflechi 30s, puis m'a vendu une de ces brochures touristiques gratuites qui se trouvait dans un coin de la rue.
← Re: Moi aussi
Ces images que l'on rapporte des voyages, des liens qui nous retiennent à nos destinations et qui les ouvrent à nos proches et relations.
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