Mots-clés : Concarneau, Carthage
Gustave :
- Bien sûr, je me documente, j'épluche les ouvrages nécessaires, je tiens compte des récits, des mémoires. Je voyage aussi, mais cela est très secondaire et au final, je combine,je bâtis, je fais rêver. Je ne suis pas assez primitif pour croire que j'ai fait, dans Salammbô une vraie description de Carthage, non, mais je suis certain d'avoir exprimé l'idéal qu'on en a aujourd'hui. Et il en est des destinations lointaines comme des femmes, on en rêve, on en meurt d'envie, on pourrait se ruiner, se déshonnorer, se ridiculiser, se mutiler pour les atteindre et quand on y accède, et une fois passée l'émotion, on voudrait aller voir plus loin, derrière la colline, si les poires ne sont pas plus juteuses et le soleil plus chaud. Vois-tu Suzanne, pour en revenir à ce que je te disais tout à l'heure, les femmes qui sont à bonne distance sont moins compliquées, moins calculatrices, moins insistantes et moins pressantes aussi que celles que j'ai cotoyées ici.
Suzanne :
- Je ne vois pas pourquoi ce serait le cas ?
Gustave :
- Oh, je constate, c'est tout. On se sent des allures de seigneurs avec elles, mais peut-être est-ce parce que je n'ai vraiment regardé que dans les bordels. Il semble qu'au delà de nos frontières, les femmes se masquent à peine, on les prend comme on les trouve. Point de corset pour modifier la taille, pas d'artifice pour brouiller la ligne ou de fard pour tromper l'oeil. La marchandise est là, devant toi, sur l'étalage : un ventre comme des sables mouvants, une double ou triple rangée de bourrelets poisseux, des bras en sueur, larges comme des feuilles de palmier et sur leur peau, des exhalaisons enivrantes, des ruisselements d'huile de santal. Ces femmes m'ont fait jouir sans lendemain mais aussi sans arrière pensées.
Suzanne :
- A vous entendre en penserait que vous êtes resté toute la sainte journée allongé sur des nattes à vous ébattre comme une bête, durant tout votre voyage.
Gustave :
- Et alors, aux heures les plus chaudes il faut bien mettre son corps à l'ombre et au repos. On ne peut pas passer son temps à galoper dans le désert, comme un scarabée. Qu'est-ce qui te dérange hein ? Qu'est-ce qui te démange ? La compassion, la sensualité ou l'ethnologie ?
Suzanne :
- Pourquoi voulez-vous que je sois démangée ? Rien ne me démange pas, qu'est-ce que vous croyez ? Vous les hommes, il faudrait que vous soyez les seuls à avoir de la curiosité ou des démangeaisons. Vous savez, des fois j'aimerais bien voir d'autres endroits, des villes plus grandes ou des montagnes, tenez ! Mais j'ai tellement peur et puis de quoi je vivrais par là-bas ?
Gustave :
- J'approche de la soixantaine et ce n'est plus la fougue de mes sens qui m'embarrasse, mais tu m'étonnes et tu m'égares, Suzanne. Ton âge sûrement et cette tiède fraîcheur. Tu me troubles.
Suzanne :
- Julie m'a racontée aussi toutes ses craintes quand vous partiez pour vos voyages. Elle se fait son mouron dès que vous changez de pièce ou que vous avez passé la porte. Même quand vous allez à Rouen, ou à Paris. Je suis sûre qu'à cette heure elle doit se ronger les sangs.
Gustave :
- Avant chaque départ, moi aussi j'étais inquiet en vérité. A Croisset je rêvais du Caire, de Boulaq, de Louqsor et d'Assouan. A peine arrivé à Marseille, sur le port, je regrettais déjà les faubourgs de Rouen, les flèches de la cathédrale et même la gare de chemin de fer. Certes je voulais m'éloigner, fuir, les pénibles, les femmes, mes femmes : Louise qui me vampirisait et ma mère qui me faisait suffoquer. Je devais absolument partir, mais Concarneau ou Villedaux auraient été raisonnablement assez loin et cela aurait été suffisant pour respirer. Tu penses, en temps normal je renonçais déjà à me rendre seulement à Mantes pour une nuit d'amour avec ma maîtresse, de peur de laisser ma mère seule et qu'elle ne veuille plus dormir. Alors l'Italie, la Turquie ou l'Egypte, imagines l'état de la pauvre femme...
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L'OURS ET LE TULIPIER", texte intégral original déposé,écrit d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
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