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Qui vaut le coup

Je vous recommande vivement
PHOTOSMATONS

Le blog très réussi d'une passionnée
qui vous fera très probablement découvrir
de jeunes photographes très talentueux
et reviendra également sur les plus emblématiques

Pour ma part, découvert cette année
Saul LEITER photographe américain
né à Pittsburg en 1923
SAUL LEITER


Paolo VENTURA Italien
un monde de poésie photographique
sur le coin d'une table.
PAOLO VENTURA


L'OURS & LE TULIPIER : L'intégral.

L'OURS ET LE TULIPIER", texte intégral original déposé,écrit d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
Pour en lire l'intégralité, aller dans "Archives" puis "Août 2008" et enfin "O4/08/08". puis "Article suivant" au bas de chaque page.

PhY de Pont

 LA GUERRE DES MONDES


 
Nous savions parfaitement que l'espèce humaine était sur la voie de l'extinction, que les semaines de la planète étaient comptées sur les doigts de la main divine, celle qui nous avait déjà donné le choix entre se faire foutre de sa gueule par son prochain ou foutre sur la gueule du même prochain, croire en la mamelle nourricière, la téter jusqu'à l'écœurement, la respecter jusqu'à l'abnégation ou s'en servir pour assouvir des inclinaisons désormais réprouvées par le code pénale.
 
Nul n'ignorait la fatalité qui devait nous entraîner vers les abîmes obscurs, nous plongeant dans la soupe pleine de poils, brûlante et éternelle qu’un ange félon boursouflé par l'ambition et l'effronterie aimait à nous servir quotidiennement du haut de son aigreur.

Les chaleurs accablantes succédaient aux frimas incontrôlables, les sécheresses aux l'inondations, obligeant les élus et autres ministres à sortir de leur réserve à coups de communiqués péremptoires : "Il pleut, abritez-vous ou prenez quelques jours et faites un saut à l’île Maurice", "Il neige restez cloîtrés ou venez travailler en hélicoptère",  "la canicule s’abat sur le pays : mangez des glaces, garez vos voitures à l’ombre et mettez vous des mouchoirs humides sur la tête", "l’eau est radioactive, diluez la avec quelques gouttes de citron", "vos enfants risquent à tout instant d’être contaminés faîtes leur porter des dosimètres. Mais pas n’importe lesquels, ceux avec un petit Mickey qui secoue la tête quand la mesure est critique".  C’est à ces stratégies hautement évoluées qu’on a toujours su reconnaître  la fine fleur de la hiérarchie politique, celle qui sent bon l’essence d’énarque et autres arômes spécifiques réservés aux élites.
                               
Les typhons se substituaient aux raz de marée, les scandales sexuels aux crises financières, « lèche-moi le CAC40 », « Fous moi ta grosse dette dans le parachute », « laisse-moi te tripoter l'espace de Schengen » ; les rumeurs aux convictions, les promesses aux atermoiements, les caresses aux bastonnades, la course élégante de la planète bleutée prenait d’heure en heure des allures de trajectoires de yoyo détraqué.
 
Les peuples comprenaient bien que quelque chose ne tournait pas rond dans le programme, après tout la stupidité des populations est tout à fait cyclique, les instants de lucidité cheminant au même train que les heures de divagations collectives. Tous les continents  s'enfiévraient, de chacun d'eux montait la même impression que les prévisions étaient faussées, que les plans se froissaient les uns après les autres, floutant les grandes lignes conjecturales , que des erreurs avaient dues être commises, même les traditions prenaient parfois des apparences de pièges à cons. Ces craintes palpables choisissaient des formes plus ou moins explicites, selon les caractères, selon la géographie, l’altitude, la température, les rites culinaires, la coutume, le folklore, la proximité de voisins plus ou moins coopératifs.
 
Ici on tapait sur la table en faisant sauter en l’air les verres à apéritifs et les biscuits salés, on faisait des sit-in, on grommelait en roulant des yeux, là on tirait à vue, on s’enfonçait dans la terreur, dans le crime, dans l’indicible, notion vaporeuse chère à  HP Lovecraft. Là encore, excédé, on votait résolument à gauche ou frénétiquement au Centre, parce qu’en fin de compte tout n’est pas si terrible que ça.
 
Par là-bas, dans les Républiques agonisantes, on offrait des petits-fours et les lambris dorés à ceux-là même qu’on avait haït soixante cinq ans auparavant lorsqu’ils défilaient au pas de l’oie sur les pavés lustrés, reniant des serments irrévocables, piétinant des dogmes ébauchés à coup de vies humaines, de sacrifices, de cruauté ressentie. Les fusibles mis en place après les expériences malencontreuses des aïeux à moustaches sautaient les uns après les autres offrants au monde médusé des spectacles pyrotechniques redoutables mais de toute beauté.
 
Le grand leitmotiv prenait les airs des rengaines des caboulots « On ne sait plus sur quel pied danser... » « Mais à qui faire confiance ? » « La java des isoloirs » « La rumba des professions de foi ». Moi, moi, c’est moi, par ici, regardez-moi ! Des prunelles suspicieuses se posèrent alors sur les princes discrets, sur les ridicules petits barons la morgue au nez, qui agitent, au bout de leurs auriculaires déformés par l’étiquette, des blasons surannés, incompréhensibles, sur les tyrans paranoïaques gonflés à éclater par la suffisance, coulé dans la vanité comme des merdes dans le bronze prétendant posséder des peuples, disposer du droit de vie ou de mort sur des pseudos sujets , détenir la vérité obsessionnelle, la légitimité absurde acquise par les nébuleux faits d’armes d’un ancêtre aux formes atrophiées de potentat, lui-même résultat claudiquant d’un coup de bite hasardeux sur la carpette d’un campement militaire, à l’angle d’une meurtrière, sur le parquet brillant d’un corridor versaillais ou derrière les rideaux de velours d’un salon feutré du troisième Empire.
 
D’immenses panaches de fumée s’élevèrent de chaque colline, de chaque forêt. Dans chaque plaine, sur les hauteurs de tous les plateaux se groupèrent des masses considérables, des multitudes d’êtres humains multicolores qui se mélangeaient tremblant de ressentiment, les bras levés, armés de branches de ronce, de pierres coupantes, de cornes d’animaux morts. Les yeux grésillaient d’une braise haineuse, les gorges vibraient de menaces et de cris.
 
Tels des fleuves tempétueux roulant des immondices, des cortèges d’hommes portant sur leur dos des vieillards vociférant, agitant leurs membres décharnés et des nuées de femmes et d’enfant s’avançaient prêts à en découdre, à renverser les oppresseurs, à abattre l’autorité, ne craignant ni le feu des armes ni la brûlure de la répression. 

Dieu pouvait bien être dans le clan d’en face, sa parole n’avait plus la moindre valeur, ses commandements  rédigés sur des parchemins anciens servaient depuis longtemps au mieux à emballer la friture, au pire à essuyer la semence avariée de ses légats dégénérés.
 
Ce peuple là n’appréhendait plus rien, donnait la mesure du vide qu’il allait occasionner dans les rangs de ceux que le pouvoir avait hypnotisé. Il ne craignait rien de brutale, rien de cruel, la détermination le guidait, il attendait, planté dans la misère, les bataillons sauvages, les hordes farouches chantés dans les hymnes guerriers.
 
Les forces de l’ordre ne vinrent pas. Il se passa des jours entiers sans que rien de significatif ne se produise. On se lassait presque.  Puis ce fut la stupéfaction, la terreur se présenta sous un aspect anodin, une forme jusqu’ici paisible, loin des images classiques et redoutées de la répression. Les rêveurs les plus acharnés, les plus prédisposés à l’imaginaire débridé n’auraient pu fantasmer une telle épouvante. Machiavel lui-même, fourbe et vermoulu, n’aurait osé proposer une semblable recommandation aux Princes qu’il conseillait. La violence, la cruauté portée à ces peuples épuisés n’avaient pas de nom. Les malheureux pliés par la douleur devenaient inopérants, des diarrhées infâmes et sanguinolentes les courbaient à même le sol, les maux de ventres anéantissaient les jeunes enfants, les viscères des plus âgées explosaient sous la pression des poisons, les femmes hurlaient (chochottes) cherchant à extraire de leurs entrailles, à mains nues, le venin qui les assassinait.
 
On attendait les chars, la mitraille, les bombardements, on guettait les sections d’assaut, les compagnies de CRS, les gardes impériales, les tontons macoutes.... Ils avaient envoyé les steaks hachés à prix coûtants, les germes de légumes teutons à l’urine de renard, les concombres génocidaires, les légumes exterminateurs, le thé vert radioactif, le lait corrosif et autres sournoiseries funestes.
 
Chacun regagna ses pénates en tenant ses couches, il fut organisé une vaste distribution de pansements gastriques, on remercia chaleureusement le Ministère de la Santé qui avait participé à éviter le pire en adaptant les remèdes aux maux.
 
Jean Louis Borloo se présenta aux élections présidentielles, convaincu qu’il pouvait apporter au pays l’aide nécessaire à la poursuite radicale de l’action gouvernementale mais avec lui à la place de l’autre et il ne fut pas élu.
 
Mince...



 ON S'EN TAPE !

Et certains plus que d'autres.




       

On s’
en tape !
 
La mort dans l'âme, je dois rendre à César sa panoplie de mauvais garnement - jupette, sandales, bouquet garni dans les cheveux et  fausse cuirasse de torse moulée en cuir de Sibérie - et à un certain Leblase, dont le seul nom, au même titre que celui du célèbre empaleur Voïvode des Carpates, fait frémir soit de plaisir soit d’angoisse, selon que l'on ai des tendances étranges allant d’un bord à l’autre du spectre de la nature humaine, la paternité de cette réflexion.

Volontairement, je ne dis pas la "paternité de cette expression", car nous savons tous depuis notre prime enfance, que la formule « On s’en tape » remonte à des temps immémoriaux, antédiluviens, voir même bien avant.

Il était courant d'observer, dans les plaines immenses, battues par les froids polaires, des hommes de Cro-Magnon, les aisselles délicatement parfumées à l'essence de mammouth, esquisser de beaux sourires et se faire, avec les bras, de grands signes en forme de moulinets qui finissaient irrémédiablement sur leur arrière train, gestes qui signifiaient, on le sait aujourd'hui grâce à des études précises: "On s'en tape !"  Ils venaient alors, manquant une gracile et véloce gazelle, de blesser sauvagement un membre du clan d'un jet de pierre ou de javelot approximatif, car chez le Cro-Magnon, c’est de notoriété publique, tout est jeu, découverte et enchantement.
 
Ponce Pilate, fut l’un des premiers à signer, non sans une certaine  nuance une très belle interprétation de la formule en question, le peuple ayant pour une fois été l’instigateur de cette conduite héroïque du légat de Rome qui fut lui-même totalement surpris de ladite décision en faveur du ténébreux Barrabas.
 
Plus tard, au Moyen-âge, il n’était pas rare de mettre à contribution la fine fleur de l’artisanat de l’époque en leur faisant graver « On s’en tape », en caractères gothiques flamboyants, sur les grosses pierres qu’on balançait à coups de catapultes sur les créneaux où s’agitaient des drapeaux blancs, tenus à bout de bras par des assaillis terrorisés et épuisés par des semaines de famine et désirant plus que tout une reddition, même avilissante, à un carnage annoncé.
 
Que vous soyez Syrien ou Libien, l’intérêt qu’on vous portera passera de la compassion silencieuse à l’implication relative, du largage de bombe à haute altitude au mouvement réprobateur d’un index agité...
Qu’est-ce qui fait qu’on puisse à ce point s’en taper de certains davantage que d'autres ?
Et le bruit court chez les dictateurs du monde entier, dont l’assemblée générale pourrait avoir lieu cette année à la salle des fêtes Gilbert Becaud de Pont, qu’être reçu en grande pompe à Paris n’augure pour de très bon pour la carrière d’un despote. Être l’invité d’honneur au défilé du 14 juillet ou au camping de Matignon ne protège aucunement des retours de manivelles.
Ceci dit attention, à trop vouloir tirer sur la corde, on va bientôt finir par se fâcher avec tout le monde... Mais loin de faire acte de contrition, les conseillers éclairés qui ont trouvé approprié de faire venir ces autocrates sanguinaires moyennant l'ombre de l'amorce d'un éventuel marché juteux sur une centrale nucléaire ou autre babiole inoffensive, s'embourbent pour se défendre dans des thèses ébouriffantes dont les conclusions pourraient se résumer à un impertinent : "On s'en tape... " Comme quoi et cela parait bien légitime quand on y pense,  on peut s’en taper à tous les niveaux.
 
Si je rebondis aujourd'hui sur la tournure, c’est que je la trouve parfaitement adaptée à la plupart des situations que nous avons le plaisir et le bonheur de vivre aujourd’hui. Et nous sommes tous, enfin je veux dire vous et moi, le plus grand nombre, le commun des mortels, les drogués (ées) de la plateforme, sujet à être ou à devenir quotidiennement  la cible de cette nonchalante dépréciation.
 
Quelque soit les angles d’attaque, les aspects du problème, nous sommes les premiers dont on se tape, du matin au soir. De vous madame, nouvelle reine du génie culinaire et du régime amincissant pré aoûtien. Vous pensez être les nouvelles Madame Mérigot ou les Pics de la gastronomie mondiale ! Foutaises, on se moque de vous, vos macarons sont secs comme des Choco BN, vos verrines sont fades comme des vieux mégots... De vos talents, on s’en tape, l’essentiel est de vous faire acheter par dizaines les livres qui vous conforteront, à la fin, dans votre incapacité à réaliser la moindre confiture, la plus modeste des papillotes.
Et de vous monsieur, roi du bricolage et du même coup champion du pansement réalisé à une seule main : on vous vend une visseuse sans fil, un mètre ruban et vous voilà propulsé au rang d’un pharaon constructeur, architecte en chef de la cabane à outils... Ouvrez les yeux "on s’en tape." Aussi... !
  
Tout ce que vous pensez être construit pour votre plaisir, pour votre bien être, n’existe en fin de compte que pour mieux vous contraindre à choisir entre le superflu stérile et l’inadapté compulsif. Quoiqu’il puisse y avoir d’organisé à votre intention, dans votre intérêt, songez en priorité à qui profite votre crédulité et quelle entité supérieure a décidé de vous prendre pour un naïf contraint .
 
Et les déclinaisons sont aussi nombreuses qu’imagées : « On s’en tamponne le coquillard » n’est pas la moins maritime des versions, encore que pour ma part l'image du coquillard ne soit pas la plus précise du bestiaire connu. On pourra citer en vrac : « On s’en bat l’œil », « On s’en poudre les roubignolles » (formule réservée à qui en a).
 
L’indifférence, le nombrilisme, la carrière, la politique, la peur ont élevé la locution à des altitudes remarquables.
Alors que l’on pourrait croire qu’on ne nous la fait pas, plus malin que moi tu meurs, qu’abreuvés par un torrent discontinu de nouvelles, de contre nouvelles, de bulletins d’information nous sommes tous les phœnix des hôtes de ces bois, virevoltant sur les fuseaux horaires et les parallèles de la planète comme des hirondelles dans le soir qui tombe, maîtrisant les événements politiques ou économiques comme des demi-dieux, analysant la situation mondiale avec la lucidité d'un administrateur du FMI. (à cet instant, je précise que ce billet a été commencé d'être écrit bien avant les évènements qui défrayent actuellement la chronique) plus je me sens informé, plus cette doucereuse sensation de me faire empapaouter me semble se préciser.
 
On fête (le mot est-il bien choisi) le vingt cinquième anniversaire de Tchernobyl alors que Fukushima est toujours en train de trembler, ses réacteurs s'enfonçant dans la croûte terrestre comme un couteau dans du beurre mou, la centrale fuyant comme une grand-mère incontinente, repoussant presque le drame japonais au rang d'un feu de grange. Le sort de cette partie du Japon ne constitue plus la préoccupation première, les conséquences désastreuses, épouvantables de la radioactivité rejoignent péniblement les effets de la sécheresse dans le marais Poitevin, les chinois « on s’en tape »… « Pardon, ce ne sont pas des chinois qui habitent dans cette partie du Japon mais des japonais » Qu’est-ce que je viens de vous dire … ON S’EN TAPE ! Japonais, Chinois, Coréens, Vietnamiens… Je n’ai jamais pu faire non plus la différence entre un Malien et un Sénégalais ou entre un Tunisien et un Egyptien.. Alors vous pensez bien, les Chinois et les Japonais... Même combat !
 
Du nouveau également au programme avec le retour des vieilles barbes de la saint Jean et des sucettes politiques qui précèdent tous les cinq ans les débats préélectoraux. Nous avions déjà eu le génial « travailler plus pour gagner plus ! » … Non, t’es pas sérieux, tu ne peux pas dire ça… Travailler moins pour gagner plus, ça interpelle, travailler autant pour gagner plus, c’est alléchant, mais franchement travailler plus pour gagner plus… Ils vont croire qu’on les prend pour des poulets de 10 jours… Mais on s’en tape ! Combien tu paries que ça va faire ni une ni deux et qu’ils vont foncer comme un seul homme… CQFD ! Et demain on rase gratis.
 
Côté information, c’est l’embellie, la charge émotive est à son summum le flou atteint paisiblement des paroxysmes et les bases construites la veille à grand renfort de certitude s’effritent  le lendemain avec le plus beau naturel. Si sur le papier la supercherie est moins visible, la télévision elle n’hésite pas une seconde.
 
« Notre envoyé spécial va maintenant revenir sur les évènements et faire le point sur ce qu’on sait déjà. » 
- "Et bien, à cet instant précis, rien n'a filtré et il est impossible de s'avancer sur quoique ce soit... C'est tout ce qu'on pouvait dire ce soir à ce sujet..."
" Non mais attends mon lapin, on ne peut pas en rester là, les gens ont besoin de savoir..."
" Mais ON S'EN TAPE des gens coco c'est ça maintenant la bonne nouvelle, tu leur dis tout et immédiatement après le contraire et miracle de la mémoire sélective, tu peux remettre ça le lendemain et même en inversant le mouvement... Ca marche pareil ! »
"Allez ! Envoyez la pub"


- Et ça, ça va faire un billet sur ton blog ? 
- Ben oui, je  crois.

- Tu penses que les gens vont apprécier l'exercice ?
 
ON S'EN TAPE ! (Merci Leblase.)

 QATAR MARRANT

Quel est le masculin de "Mère Porteuse" ?





GONZESSE A POIL CONSERVANT LE TEMPS A BOUT DE BRAS.

Allo... Allo allo... Il y a quelqu'un au bout du fil ? 
Au bout du bout' comme on dit à bord, en trainant un peu la voix dans les basses, l’œil rivé sur le corps mort qui affleure à une encablure et la main crispée sur le col de la bouteille de Muscadet.
Allo donc ! Un relent d'huître ? Une palourde qui reproche ? Qu’est-ce qui m’arrive encore aujourd’hui. Pas content ? Pas heureux ? Une soirée trop arrosée hier ? De la langue plein la bouche ce matin... 

Une nouvelle fois, pour bien mesurer toute la bouleversante intensité du texte qui va suivre,  je vous recommande très chaleureusement de le lire à haute voix en mettant légèrement la tête dans un pot de chambre ou dans un seau à champagne, après tout l’heure est à la réjouissance.

Je vous écris ces quelques mots depuis ce pays qui serait incroyablement grotesque s’il n’était  imaginaire, où les gonzesses  à poils tiennent des pendules à bout de bras, où les chiens et les chats peuvent prétendre à une alimentation équilibrée, augmentant ainsi la brillance de leur pelage, l'harmonie de leur transit et leur permettant de mener une vie totalement épanouie dans un cadre approprié, pays mirifique où il est un véritable soulagement pour un ministre de n’être désavoué que par 56 % de la population interrogée, pays où l’on a parfois la faiblesse de faire confiance à un sondage, un pays où on peut entendre dire par une tête pensante que les étrangers en situation irrégulière ont "vocation" à être reconduits à la frontière", où les mots «commerce», «économie», « marché», «performance» ont enfin remplacé les termes désuets «humanité», «fierté», «honneur», «justice»,  ce beau pays utopique où il est absolument interdit de camper sous le périphérique mais où il est tout à fait possible de planter sa tente et d'installer ses dromadaires dans les jardins du Palais Royal, d'où l'on salue, les cheveux encore dérangés par le souffle tiède du vent qui s'engouffre entre les colonnes de Karnak le «courageux» départ d'un dictateur à bout de souffle, porteur à lui seul de toutes les séquelles de la consanguinité étatique.  « Je veux saluer ici le courage de cette décision de quitter le pouvoir » .  De son plein gré alors. J’ai dû louper une phrase lors d’un éternuement, on va m’expliquer la finesse de l’analyse, patience, ça va venir, les nuées obscures vont s’ouvrir,  et comme pour Bernadette Soubirou je vais avoir une révélation mes paupières vont se décoller.
Le contraire du courage de quitter le pouvoir pour un dictateur, c’est quoi ? S’incruster, tirer dans le tas, appeler au secours ? Et s’il avait crié au secours, quelqu’un serait-il venu l’aider ? Flute, on ne saura jamais. Pourquoi n’a t’il pas crié au secours au fait ? Il n’a pas dû y penser.
Mais la terre tourne beaucoup trop vite en ce moment et sa vitesse de rotation donne l'impression que les continents se rapprochent les uns des autres. A peine peut-on se réjouir qu’enfin les pyramides retrouvent un peu de leur éclat que d’autres grimaces se révèlent aussitôt sous des cieux tout proches et la fameuse phrase « Je veux saluer ici le courage de cette décision de quitter le pouvoir » s’explique enfin, nous avons un Premier Ministre visionnaire, il saluait le courage de l’un car il savait qu’un autre, quelque part tout proche, aurait lui la lâcheté de ne pas partir.

«Vocation à être reconduit à la frontière !» Quelle perspective, quelle joie pour les parents restés au pays, confits dans la béatitude et le sacrifice d’apprendre comme ça, brusquement, que le petit, la petite, la chair de la chair, le sang du sang, la fierté de toute la famille, de tout le clan, de tout le village à enfin une vocation. Il (ou elle) aurait pu choisir l’escrime, le piano, la course de fond, le ski alpin, la danse classique ... Non ! Il (ou elle) a simplement préféré « la reconduite à la frontière », quelle modernité, quelle vision, quel courage, quelle sublime expression, quelle délicatesse, il faut penser à tout quand on a des responsabilités.

Ah bon sang,  quelle satisfaction si un tel pays pouvait encore exister ? 

Si j’avais un pays à moi, j’essayerai certainement de me rendre utile et d'y faire des choses constructives. Il y aurait des camps d'entrainement pour les dictateurs susceptibles d’être virés, pour leurs épouses épanouies et pour la marmaille déguisée en Ralph Laurin ou en Burborry . On pourrait apprendre à ces futurs anciens princes à faire la queue à la caisse d'une grande surface en s'appuyant nonchalamment  les avant bras sur un caddie et à leur dragonne poudrée  à comprendre les étiquettes des emballages de sous-vide, à lire les prix, à déchiffrer une DLC, à faire le plein à la bonne pompe, à compter les jours avant de partir en vacances, à battre les tapis, à coller des timbres, à fermer la porte du garage, à vider la poubelle en faisant le tri des déchets, aux pauvres gosses à ne pas corner les pages des livres, à ranger les jouets, à faire leur lit, à finir les yaourts, à ne pas tirer sur la queue du bébé tigre... La survie quoi.

Ne pourrait on, pour une fois, faire preuve d'un peu de compréhension, faute d'être clairvoyant, d’un peu de civisme planétaire en aidant ces pauvres gens gorgés de pouvoir, de suffisance, d'abjection.

Mais c’est comme ça, on n’y peux rien. Chez nous aussi il y en a des comme ça et il serait de salut plublic d'extraire tous les 4 ou 5 ans ceux qui nous gouvernent de leurs mauvaises habitudes, de leur virtualité, de leur inconscience.

Donc, "Rions un peu..." 

Comme il était inscrit jadis sous la petite barre de trois dessins humoristiques de nos anciens magazines féminins, ou des revues évocatrices que l'on pouvait feuilleter dans le salon de coiffure qui sentait les cheveux mouillés et le Pétrol Hann.
Des instances sportives que l’on serait vraiment mesquins de soupçonner de quelconque malveillance ont décidé en leur âme et conscience, sans l’ombre d’une pulsion malsaine, sans autre appétit particulier que la soif inextinguible de s’effacer devant la beauté et l’intérêt du sport, sans aucune influence, d’attribuer la coupe du monde de football 2022 au ... Roulement de tambourin ... au Qatar ! Cris de joie dans la salle, le monde entier se réjouit.
Personnellement je m’en fous comme de mon premier biberon alors que ma première tétée me laisse un souvenir impérissable.

Et non content de désigner ce petit émirat pour accueillir légitimement ce point d'orgue de l'activité sportive mondiale, on lui confiera également l'organisation de la coupe du monde de handball de 2015.

On construira les stades nécessaires, on les climatisera si toutefois d’ici là la glaciation annoncée a un peu de retard mais tout a déjà été dit sur le sujet, les chevaliers blancs du climat, Arthus Bertrand en tête on rendu leur rapport positif pour le petit émirat. Résonnez hautbois.

Mais alors, comment permettre aux spectateurs de voir les matches ?
Ben vous êtes cons ou quoi ??? Le Qatar possède une compagnie d'aviation et tout le pétrole nécessaire pour les faire voler. Oui mais le prix des billets ??? Mais allez-vous arrêter d'être négatif à la fin... C'est offert ! On fera un pont aérien ininterrompu depuis toutes les capitales du monde et même depuis toutes les villes moyennes de la planète pour acheminer les milliers de fans.
C'est le Qatar qui offre.. Enfin c'est le cheik... Grand sportif devant l'éternel quel qu'il soit, belle allure, élancé, surtout en short, le cheik a décidé, c’est lui qui régale. Un peu comme César ou Titus ou Tibère pour les jeus de Rome mais sans les herbes aromatiques dans les cheveux.

Je vous l’ai dit, l’évènement ne me fait ni chaud ni froid mais pour ceux d’entre vous qui souhaitent faire partie des heureux participants à cette débauche de muscles saillants, de shorts moulants, de corps dégoulinants de sueur, de buts et de viva et qui se rendront sur place pour admirer la nouvelle technologie rafraîchissante, je me suis procuré, auprès de l’Office du Tourisme Qatari l’ensemble des réjouissances et des festivités qui entoureront, tout au long de l’année 2022, cette manifestation planétaire.


13 janvier, à Al Wakrah concours de Boulouten et de belote. A gagner de nombreux lots dont un panier garni.
16 Mars, toujours à Al Wakrah, commémoration du 75è anniversaire de l’invention du billig à gaz par Léon Stanguennec. Grand feu d’artifice tiré à l'horizontal pur la première fois au monde.

6 avril, Arrivée des cloches de Rome dans la matinée et distribution des oeufs, ils seront cachés sur les pelouses réfrigérées de l'Emirat.

17 avril,à Dukhan, championnat inter régional du lancer de béret en présence des plus grands anciens champions de la discipline toujours vivants.

28 avril, mais cette fois à Doha, concours de cris de cochon suivi dans la foulée du festival asiatique des épépineurs de groseilles à la plume d’oie.

7 mai, à Al Khuwayr, course de baignoires sur dunes.

15 mai, finale des championnats du Nivernais des cracheurs de noyaux de pruneaux. 

6 juin
départ du Qatar-Paris-Qatar, du tour de France, du Qatar-Nice et du Qatar-Roubais.

14 Juillet, fête des brodeuses, et Fest Noz animé par le groupe Ar Ré Goz, on dansera jusqu’au matin en se bourrant de crêpes.

15 août, concours de trayeuse automatique avec démonstration de traite en apesanteur organisée par l’amicale agricole de la NASA. On pourra déguster des produits issus de l'agriculture biologique.

31 août fête des fleurs avec défilé de chars, de majorettes, concours de fanfares et bataille de confettis.

3 septembre, élection de Miss Pâtée de Foie et de ses dauphines sous le haut patronage du Cheik Hamad Bin Khalifa en chair et en os.

Du 9 au 12 septembre, baptême de l’air en hélicoptère offert par la chasse Qatari après tirage au sort.  YannAB fera des photos de groupe, remettra les pins souvenir et offrira gracieusement la taxe carbonne.

Et enfin, 24 décembre, clou des festivités, ne manquez pas le départ du charriot du père Noël tiré par 15 dromadaires en direct de Doha, la capitale, qui sera pour l’occasion complètement recouverte d’une mince pellicule de neige.

En définitive, et pour clore cette séance d'énervement,  et maintenant qu’on y voit un peu plus clair (façon de parler) au niveau des petits dictateurs du monde Arabe, il faudrait sérieusement se poser la question de savoir si les vrais despotes de nos systèmes totalement démocratiques ne sont pas aujourd'hui les instances sportives  et les comités olympiques qui font la pluie et le beau temps et s'enrichissent outrageusement en nous faisant oublier les turpitudes de la vie.

Vive la République, Vive le Qatar, Vive la Révolution.
 

 Le sein drôle de Stockholm (829 489 hab.)

Le retour







Cela fera plus d’une année révolue que mon dernier billet a été posté sur ce que bon nombre de bigoudens appelle encore sous cape et en se vrillant l’index à la hauteur de la tempe : le blog du fada. 
Non, fada n’est pas la propriété exclusive des pecnauds du midi. 
(C’est décidé cette année je me fâche avec la terre entière.)
Je venais donc de valider le fameux «Cop & Hag», monument de la littérature minimaliste et heureux de vivre et d’aimer l’eau fraîche je devais entreprendre un voyage photographique dans une île lointaine et paradisiaque. Cela ne devait durer que quelques jours, il se passa une année entière et seule Ancolie, observatrice passionnée de l’infiniment esthétique s’inquiétât alors de mon absence... Mais sans plus.
Voici donc le récit de ces aventures fantastiques et parfois insoutenables qui m’empêchèrent cruellement d’alimenter ce blog étonnant qui vous a si souvent accompagné, chers (chères) lecteurs (trices) et commentateurs (trices) dans votre solitude, votre isolement, vos introspections et même parfois dans la maladie.
Au retour de ces horizons lointains, ou le palmier semble avoir été planté au coin à gauche de chaque carte postale pour souligner l'indicible mièvrerie de ces paysages parfaits, je retrouvais avec plaisir les ruelles moites aux pavés spongieux de ma belle ville de Pont, plongée comme à l’accoutumée dans une brume pénétrante et expectorante ; rue Péronelle de Rochefort, rue Bertille de Sanceprune, rue Anselmine de Karkeloc’h, rue Domitille de Rumengol et enfin rue Guillemette de Kerduner. Il faut dire que la municipalité a mis le paquet pour rendre hommage aux diverses pucelles moyenâgeuses qui ont fait, jadis, les beaux jours des bars à soldats du centre ville. 
Ma flânerie nostalgique me conduisait sans but précis au fil de ces venelles étroites lorsque soudain, deux quidams sortant de nul part me mirent une vague carte routière sous le nez et m’interrogèrent confusément sans que j’ai pu prendre soin de vérifier la conformité de leur faciès avec les récentes règles de prudence diffusées par le ministère de la Vérification des physionomies. 
Dénué de toute méfiance, je m’abîmais les yeux sur le plan de la ville lorsque je fus soudainement recouvert jusqu’au torse d’un sac rudimentaire en velours côtelé et brutalement entraîné vers l’avant pour être enfourgonné dans ce que je crus être une manière de véhicule utilitaire et enfin on m'appliqua sur le visage et à travers la toile ce qu'il fallait pour m'endormir. Cela s’était passé en quelques secondes seulement et visiblement nul passant frileux ne s’émut de mon sort.
Nous roulâmes dans un confort déplorable pendant une éternité, mes côtes s'en souviennent encore et parfois, dans une demi conscience, j’entendais les voix de mes ravisseurs, ils s’exprimaient dans un étrange patois oscillant entre le kurde des montagnes du nord le poitevin-saintongeais et le berrichon ancien.
Le véhicule s'immobilisa enfin. 
On m’entendit m’agiter dans la camionnette, on m’en extirpa sans ménagement et le sac qui m’aveuglait fut retiré.
Nous devions être en plein après-midi, les ombres de quelques arbustes squelettiques et complètement penchés en témoignaient.
Le campement rudimentaire était en bord de mer, adossé à quelques canivelles protégeant une dune plantée d’oyats. Le ressac que l'on percevait  lointain, de l’autre côté de la masse de sable indiquait la marée basse. A l’horizon quelques pointes de clochers se détachaient à peine sur le gris métallique du ciel, des calvaires lugubres plantés de-ci de-là sur une lande éparse racontaient leurs histoires de passion et de crucifixion, des pierres taillées comme des dolmens ou rassemblées telles des cairns se dressaient dans ce paysage indéfinissable et l’air était saturé d'une odeur de goémon, de galettes et de beurre salé... 
Non, repérer l’endroit où on m'avait conduit était tout à fait impossible.
 
A partir d’ici, Ô lecteurs incrédules, il vous sera possible de rendre ce récit plus vivant et plus coloré en lisant les parties mises en italique avec un léger accent, celui qui vous conviendra et qui représentera avec le plus de réalisme les craintes profondes, ancestrales, enfouies que vous inspire votre prochain.
Quatre individus me faisaient face, dont une femme à ce qu’il semblait. Tous étaient accoutrés de pantalons de survêtement ridicules, enfoncés dans une paire de bottes en caoutchouc, de pull à losanges d'un autre temps d’une vareuse de type militaire et leur visage se dissimulait sous une forme de cagoule de grosse laine à visière.
 
L’un d’entre eux s’approcha :
« Je suis le chef. Bonjour d’abord et permettez-moi ensuite de vous présenter tous nos vœux. On a jusqu’à fin janvier n’est-ce pas... Alors bonne année et surtout bonne santé. »
 
Je restai indécis.
 
« Nous sommes les redoutables révolutionnaires Pitchounes et vous êtes notre otage. »
 
D’indécis je passais à perplexe.
 
L’homme de gauche qui, sous son passe-montagne s’était barbouillé le visage avec de la pâte de camouflage, ressemblait à une vache trop maquillée ajouta :
 
« Révolutionnaires Pitchounes ! Branche historique radicale et incompatible... »

 « Ta gueule quand je parle Zemour, »  dit le chef, « saute sur ta mobylette et fonce faire le pê au bout du chemin. »
 
Il s’appelle réellement Zemmour demandais-je avec circonspection ?
 
« Pas Zemmour, Zemour..! Il est plus bête que méchant dès qu’il y a une connerie à dire, c’est pour lui, un genre de marque de fabrique. Ne vous formalisez pas. Enfin j’imagine qu’il doit avoir des circonstances atténuantes. Père ingénieur, mère au foyer... Une bonne situation, des revenus réguliers... On ne s’étend pas d’accord ? Ça peut frapper dans tous les milieux. »
 
J’acquiesçais  sans réserve.
L’autre homme n’avait pas prononcé un mot, il se contentait d’opiner bêtement quand à la femme, son rôle était purement figuratif (au cas où plus tard, un réalisateur veuille mettre en scène mes aventures, une présence féminine est immédiatement plus alléchante.)
Donc je suis otage ?
 
« Absolument cher Monsieur. »
 
Mais que voulez-vous faire de moi ?
 
« Et bien obtenir une rançon pardi et faire avancer la cause… »
 
Une rançon dites-vous ? Mais qui voulez-vous qui vous règle une rançon ?
Je n’ai pas un sous d’avance, ma famille ne bougera pas le petit doigt, mes amis me fuient et je n’ai même pas réglé mon abonnement à Viabloga…Et la cause.. Mais qu’elle cause ? Vous n’avez donc aucun scrupule ?
 
« Pas le moindre, les œufs sont faits pour faire des poussins ou des omelettes, les enlèvements sont là pour faire des otages et les otages pour toucher des rançons… C’est la vie qui veut ça mon cher monsieur. »
 
Et vous n’avez pas honte ? Vous n’éprouvez aucun remords.
 
« Si, terriblement, autant que votre organisme de surendettement qui vous étrangle… Autant que votre banquier qui vous asphyxie, que l’administration qui vous envoie l’huissier pour vous saisir qui vous pousse dans l’extrême dépression et vous contraint à abattre désespérément mère femme et fille avant de vous coller une balle dans la tête… Tout ça c’est effroyablement perturbant et tel que vous me voyez, je suis engourdi, que dis-je, totalement paralysé par le remords. Quand aux scrupules, je pense ressentir les mêmes que les gouvernements qui protègent scandaleusement les plus riches aux dépends des peuples qui souffrent.
En deux mots, je m’en fous ! J’assume, nous assumons ! Ce qui revient à dire on vous emmerde chers concitoyens. »

Mais cela ne constitue pas une cause et ne vous autorise pas à procéder à des enlèvements dangereux.
 
« Vous ne vous sentez pas en sécurité peut-être ? Vous a t'on torturé ? Nous avez vous choisis pour ces nuisances ? »

Et bien non, justement, non à toutes vos interrogations et non en particulier à la troisième, je ne vous ai pas choisis.
 
« Nous sommes d'accord. Qu'y a t'il de plus indignant, qu'un inconnu fasse un peu pression en vous retenant contre votre gré afin d'obtenir un modeste capital en contrepartie de votre libération ou qu'un aréopage d'élus vérolés vous empapaoute jusqu'à la garde pour vous extorquer toutes vos économies ? »

L'homme silencieux levait le menton en me regardant à chaque théorie de son chef comme pour mieux m'inciter à corroborer ses affirmations.
 
« On aurait bien essayé de kidnapper tout un peuple, une bonne fois pour toute, afin de réduire les risques et d'augmenter les gains mais franchement, les peuples n'intéressent plus personne, regardez les Haïtiens ! Rappelle t'on tous les soirs à la télévision à l'heure où l'on tranche le saucisson sec pour accompagner l'apéro que des centaines de milliers de personnes vont dîner d'une galette de terre battue mélangée à de la poussière et trinquer avec un bon verre d'eau croupie ? Et aujourd’hui ces Tunisiens, un chevalier en armure s’est-il récemment proposé pour les sortir de leur carcan et leur ôter leur bâillon ? Certes on ne doit pas oublier ceux qui sont retenus loin de leurs proches et contre leur volonté, mais cela doit-il masquer l'ignoble incapacité de nos civilisations bien pensantes à régler les vrais problèmes de l'humanité. Je vous assure, nous avons bien pesé les risques et les prévisions de bénéfices, prendre un inconnu en otage, si la démarche est bien orchestrée et habillement médiatisée reste nettement plus profitable que menacer d'asservir tout un peuple sous le joug d'une dictature sanguinaire ou de rayer de la carte toute une population sous prétexte de ne pas froisser la sacro-sainte souveraineté des nations y compris les plus pourries, les plus malsaines. »

Le soir avançait paisiblement. Le deuxième homme et la jeune femme firent un feu et s'afférèrent à la préparation d'un repas sommaire, on n'entendait plus de la mer qu'un vague clapotis et au bout du chemin un chien aboyait frénétiquement après Zemour qui faisait pétarader sa mobylette comme un sale gamin.
 
Les matins succédèrent aux soirées, les heures chaudes aux journées de pluie, les mauvais repas aux mauvais repas, le chef traitait de tous les sujets avec la même conviction, Zemour ne retirait sa cagoule de laine que pour s'éponger le visage ou flatter la tête du chien qu’il avait adopté, le muet le resta et je failli tomber sous le charme de la jeune femme. Ils me relâchèrent probablement lassés de ce pensionnaire encombrant sans avoir touché le moindre argent.

Il se passa une année entière, les factures s'amoncelèrent dans ma boite aux lettres et il me fallu être bien persuasif pour me faire pardonner cette absence.

Je commence aujourd'hui à ressentir le manque de cette petite bande et la philosophie panglossienne de leur chef.
 

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L'Ours & le tuliper, texte original déposé d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
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