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PHOTOSMATONS

Le blog très réussi d'une passionnée
qui vous fera très probablement découvrir
de jeunes photographes très talentueux
et reviendra également sur les plus emblématiques

Pour ma part, découvert cette année
Saul LEITER photographe américain
né à Pittsburg en 1923
SAUL LEITER


Paolo VENTURA Italien
un monde de poésie photographique
sur le coin d'une table.
PAOLO VENTURA


L'OURS & LE TULIPIER : L'intégral.

L'OURS ET LE TULIPIER", texte intégral original déposé,écrit d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
Pour en lire l'intégralité, aller dans "Archives" puis "Août 2008" et enfin "O4/08/08". puis "Article suivant" au bas de chaque page.

PhY de Pont

 L'Oporeptin...

Chapitre 3 et Fin

Note : 2.9/5 (12 notes)

 



Durant cette première journée, alors que j’étais arachnéen, suspendu la tête en bas, sous cette planche de la réserve, les hypothèses que j’ébauchais concernant mon pouvoir de transformation me laissaient tout à fait perplexe. Le passage de la condition de souris à celle d’araignée m’avait permis d’échapper à un danger imminent, celui de me faire croquer par cet énorme chien. En y réfléchissant, depuis mon éveil, je n’avais vu que trois créatures : une araignée, une mouche morte et un couple de tourterelles. Le choix de l’araignée en l’occurrence était incontestablement le plus logique. Elle seule pouvait s’enfuir et se dissimuler aussi facilement, une tourterelle eut été tout autant en péril qu’une souris face au monstre. Bien sur il y avait la mouche, mais pouvais-je reproduire la forme d’un animal mort ? Je n’avais pas réellement choisi, les évènements l'avaient  fait à ma place parmi toutes les options possibles. Et maintenant, sans obligation d’aucune sorte, pouvais-je me transformer en chien ? Les conclusions auxquelles j’aboutissais me parurent si extravagantes que je dus les vérifier aussitôt, sans vraiment réfléchir.

C'est ainsi que je me suis retrouvé planté sur mes quatres grosses pattes de labrador de cinquante kilos, coincé sous une frêle étagère à dix centimètres du sol. Evidemment, ce qui devait se produire se produisit immédiatement. L’ensemble du meuble, complètement déséquilibré bascula vers l’avant dans un craquement de bois qui éclate. Les boites de conserves, soigneusement empilées, chavirèrent tout ensemble dans le vide, entrainant les bocaux, les bidons et tous les ustensiles qui étaient rangés sur les rayonnages. Le bruit fut infernal. Le sol fut rapidement recouvert d’une couche infâme de nourriture mélangée à des débris de verre et de boites cabossées, l’ensemble marinant dans un fluide sans nom, composé d’eau, de vinaigre, d’huile, de tomates concassées et de jus d’agrumes. La mouche marchait aussi et cela tombait bien car le vacarme engendré par l’éboulement attira plusieurs humains dont les visages stupéfaits et cramoisis de colère ne laissaient aucun doute sur le sort, peu charitable, qu’ils auraient réservé à un chien si ils en avaient trouvé un au beau milieu de cette tambouille abjecte.

En quelques coups d’ailes nerveux, je me faufilais aisément entre les humains et une fois la porte franchie, l’air frais du dehors m’aspira vers les hauteurs.
En quelques heures je fus donc tout à tour souris, araignée, chien et mouche, tout cela par ma seule volonté. Il me fallu quand même tirer certaines leçons de ces changements successifs. Je devais penser avant d’agir au risque de provoquer des catastrophes irréversibles. Imaginez qu’en plein vol je vienne à me muter en chien ou pire en vache.

Si je veux me déplacer je deviens oiseau et le choix est grand. Selon les distances que j’ai à franchir ou les conditions climatiques, je sélectionne mon mode de transport. Le goéland est idéal pour flotter dans l’espace, le long des côtes, pour frôler les rochers ou la crête des vagues, pour sentir à quelques centimètres du sommet des flots l’enivrante impression de vitesse. L’aigle royal est un voilier incomparable pour les hauteurs ultimes, là où la courbure de l’horizon permet d’admirer avant tout le monde la naissance d’une nouvelle journée ou le trait foncé d’une nuit qui s’avance. Plonger au fond des océans dans la peau d’un dauphin est un bonheur irremplaçable mais il faut constamment être vigilent car il existe peu de monde aussi turbulent et dangereux que celui des grandes profondeurs.
On n’a de cesse de surveiller ses arrières pour éviter de se retrouver entre les mâchoires de nombreux prédateurs. La menace peut venir du sable sous lequel se terrent les gueules béantes de créatures effroyables ou des forêts de coraux repaires des monstres marins les plus monstrueux. Combien de fois n’ai-je pas du faire exploser un raie ou un requin qui venait de m’engloutir en me métamorphosant dans son estomac en cachalot ou en orque puissant ? En revanche, le domaine sous-terrain des taupes, des vers ou des fourmis ne m’a jamais laissé un souvenir irremplaçable. Ces dernières, sans cesse en marche, empilées par centaines de milliers dans des chambres obscures et des galeries humides, ne vivent que pour leurs oeufs, leurs nymphes et leurs larves. Si l'architecture de ces fourmillères est, à cette échelle, un modèle de travail, d'ingéniosité et de patience, ces colonies lobotomisées m'ont toujours paru terrifiante. 
Leur code de vie lui-même est d’une infinie complexité. Les reines s’arrachent les ailes et s’enfouissent dans les profondeurs du sol pour pondre toute leur vie durant une progéniture qui sera ensuite à leur unique service. Sans compter que le langage chimique incompréhensible que pratique ces hyménoptères est de loin celui qui m’a donné le plus de soucis et les odeurs de phéromones m’écœuraient par-dessus-tout.
Je ne compte plus depuis bien longtemps les apparences que j’ai prises, du microbe à l’ours polaire en passant par la baleine et le dromadaire, j’ai voyagé dans presque tous les pays, sous toutes les latitudes tout du moins et sous tous les climats, mais j’hésite encore aujourd’hui à franchir le stade de l’humain car j’ai tout à loisir observé les états, épié leurs conversations, pris en défaut leurs sentiments, je les ai écouté mentir, se mettre en avant… Bon nombre d’entre eux sont des imbéciles, des mythomanes stupides et inébranlables, manquant cruellement de discernement, de pudeur, de charité, d’humanisme et peut-être plus grave, de culture.  Nombreux sont les hommes qui passent leur vie à apprendre que leurs jours sont comptés, nombreux sont ceux aussi qui se cultivent pour réaliser qu'en fin de compte ils ne sont rien sur l'échiquier de la vie, du temps, de l'éxistence . Alors, vous comprenez,  franchir le pas. tout ça pour douter de l'existence de dieu et de la destinée, cela ne m'enchante guère.

Commentaires

Cher PhY, j'avais bien l'intention de te faire un petit comm sympa sur mon heure de pause dejeuner.

Mais voila-t'y pas que la blogosphere se reveille de tous cotes.
Leblase et mitra se dechainent, apres toi (les virgules sont significatives ici), sur mon petit billet riquiqui d'hier ;)
Du coup leblase a failli rater le retour d'Yves sur le shplouc, mais ca y est.
Trois feux a surveiller c'est trop pour une menagere de presque ... ante ans, surtout quand elle est au bureau.
Et tu merites mieux qu'un petit tour entre ma clementine et mon cafe.
A plus donc (et y'aura les accents sur les lettres a accentuer, promis).

 

 

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L'Ours & le tuliper, texte original déposé d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
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