S'identifier - S'inscrire - Contact
 

Qui vaut le coup

Je vous recommande vivement
PHOTOSMATONS

Le blog très réussi d'une passionnée
qui vous fera très probablement découvrir
de jeunes photographes très talentueux
et reviendra également sur les plus emblématiques

Pour ma part, découvert cette année
Saul LEITER photographe américain
né à Pittsburg en 1923
SAUL LEITER


Paolo VENTURA Italien
un monde de poésie photographique
sur le coin d'une table.
PAOLO VENTURA


L'OURS & LE TULIPIER : L'intégral.

L'OURS ET LE TULIPIER", texte intégral original déposé,écrit d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
Pour en lire l'intégralité, aller dans "Archives" puis "Août 2008" et enfin "O4/08/08". puis "Article suivant" au bas de chaque page.

PhY de Pont

 L'Oporeptincromamicethumain

"Il faut bien qu'un mot ait une fin.

Note : 2.3/5 (11 notes)

 

 



Chapitre 1
 
Nul ne connait mon secret, je ne le connais pas plus précisément d’ailleurs et il est fort probable que je ne doive mon salut qu’à cette absolue clandestinité. Je le répète, je ne connais pas mon fonctionnement et je peux vous assurer que les premières heures qui suivirent l’instant précis de ma naissance furent, pour le moins, déroutantes. Et même aujourd’hui, je ne suis pas plus capable d’expliquer d’où vient cet étrange et merveilleux pouvoir, ni de dire combien de temps il durera, ni comment il disparaîtra, si toutefois cela devait se produire.
Je compte mes années au rythme des saisons que je vois défiler sans ressentir le moindre vieillissement, sans éprouver la plus petite faiblesse. Le temps passe. C’est comme ça, je profite de mon existence en tentant de pousser l’expérience toujours plus en avant, je me surprends chaque jour de découvrir des aptitudes toujours plus fantastiques.
Je ne mange que la quantité nécessaire à la survie de mon espèce et parfois aussi, mais plus rarement, par gourmandise ou par curiosité. Quelques gouttes d’eau quotidiennement, qu’elle soit douce ou salée me suffisent. Je ne souffre ni du chaud, ni du froid et je peux voir dans l’obscurité la plus complète. Je suis invisible pour l’espèce à laquelle j’appartiens  et  de ces bienfaits je me suis aujourd’hui habitué à la sanction qui peut paraître insupportable : la solitude. Je ne suis pas une devinette mais une réalité, une surprenante réalité. Je ne réponds à aucun nom car jamais personne ne m’a appelé et c’est bien là le problème, alors je me suis baptisé moi-même plus par jeu que par nécessité, je suis l’Oporeptincromamicethumain, mélange d’oiseau, de poisson, de reptile, de microbe, de mammifère, de cétacé et d’humain… et j’en passe car il faut bien que le mot ait une fin.

Je me suis réveillé dans un grenier, sur les lames rugueuses et poussiéreuses d’un plancher. Il faisait noir. Je sais aujourd'hui qu’il faisait noir, je le sais car j’ai appris à faire la différence grâce aux étoiles qui brillent dans le ciel quand il est obscur et au soleil quand il réchauffe les journées. Il faisait noir mais je voyais parfaitement. Je voyais au bout de mon museau une araignée velue affairée à emmitoufler dans sa toile une mouche qu’elle venait de paralyser. Elle ne me prêtait aucune attention et tricotait de toutes ses petites pattes, extrayant le fil par l’arrière de son abdomen gonflé. Le corps de la mouche qui tremblait encore un peu ressembla bientôt à un petit cocon soyeux à une petite dragée. Le regard de ses quatre paires d’yeux croisa le mien, elle marqua un temps d’arrêt puis reprit calmement son ouvrage. Enfin elle s’éloigna vers le fond de la soupente en tirant à sa suite son repas dans son petit sac. Je savais que c’était une araignée et que la proie était une mouche, je le savais sans jamais l’avoir appris. Mais moi, j’étais quoi ?
Je possédais des pattes, deux paires, des moustaches très longues et très fines qui entouraient mon museau, et derrière moi, comme un petit serpent aveugle, une queue annelée, mobile mais pas très souple. Moi, j’étais souris. Des sons imperceptibles me parvenaient très clairement. Au-dessus de ma tête, j'entendais une troupe de capricornes festoyer dans une grosse poutre, puis en tournant la tête, c’était la respiration de deux tourterelles blotties l’une contre l’autre sur le rebord d’une fenêtre ouverte par un coup de vent violent : des morceaux de verre jonchaient le sol à cet endroit. Je percevais même le battement de leurs paupières qu’elles ouvraient parfois au milieu de leur sommeil, pour observer, guetter.
Une autre souris s’approcha, précédée du bruit de ses petites griffes sur le bois. Elle se tenait maintenant immobile, à quelques centimètres de ma position. Elle ne me vit pas et continua sa route vers le fond du grenier.
Il me  fallait absolument explorer l’univers qui m’entourait, je décidais donc de suivre ma congénère. Notre route croisa celle d'autres souris. Elles échangeaient entre elles des informations sur des emplacements de nourriture, sur la localisation de dangers épouvantables et indicibles. 
Parfois elles jetaient dans ma direction des œillades furtives et inquiètes puis elles reprenaient leur progression toutes craintives. Je tentais alors de me rapprocher silencieusement de leur groupe. Elles frémirent toutes simultanément, s’immobilisant un bref instant, prêtes à bondir. Elles avaient beau scruter l’obscurité, renifler l’air de toutes leurs narines, elles ne pouvaient pas me distinguer et pourtant je me trouvais à moins d’un mètre de leur troupe. Donc, si elles n’étaient pas aveugles je devais être invisible. Rassurées, toutes les souris s’élancèrent, d’un même mouvement, dans l’anfractuosité d’un grand mûr. En les suivant, je discernais toute l’architecture de la charpente au-dessus de ma tête et par le carré d’un vasistas poussiéreux, un coin de ciel éclaté de scintillements d’étoiles. La petite bande progressait rapidement, s’enfonçant dans une nouvelle fissure puis, cette fois à la queue leu leu, s’engagea dans un labyrinthe de plinthes, de planchers, de tuyauteries. D’autres brêches minuscules nous entrainèrent dans des pièces douillettes au sol recouvert de moquette, de tapis et ainsi, de lézardes connues d’elles seules, logées derrière les colonnes monstrueuses des lavabos en craquelures dissimulées sous les meubles, le périple conduisit la petite troupe jusqu'à la gueule béante d’une aération sombre et grasse. La cavalcade se fit plus silencieuse, les parois puantes et suintantes du boyau amortissant tous les bruits. Mais déjà des parfums de nourriture me parvenaient et ce fut un formidable banquet dès la sortie du conduit.  

Commentaires

Comment peut-on ne pas ressentir le poids du vieillissement ! Même si la tête n'y pense pas, le corps ne suit pas plus ... un jour.
Es-tu en train de nous dire que tu refuses de croire à ton vieillissement ?
Il n'y a rien de pire qu'un vieux immobilisé qui refuse tout aide sous prétexte qu'il n'est pas vieux.
Dire que ce n'est que le premier chapitre en plus;-)

 

 

Re:

Mais ce n’est qu’une nouvelle Mitra, un conte, un récit, du vent, du pipeau, du flanc, de la fumée. Tu ne vas pas me faire croire que tu penses qu’il puisse y avoir quoique ce soit d’autobiographique ? Non, sans blague. Mais après tout, pourquoi pas ?

 

 

Comment savoir que tu me vois?

ça me plaît beaucoup de début d'histoire (je dis début, car j'espère une suite).
Particulièrement cette notion à laquelle nous ne songeons plus souvent en tant qu'adultes, et qui peut apporter tant de tourments à l'adolescent: comment découvre t'on que l'on est invisible?
Que fait-on de cette découverte?
Pour beaucoup c'est une douleur, pour d'autres une nécessité. Pour tous un premier indice vers la découverte de soi.
Inversement, comment s'accomode t'on de sa (ou de ses) forme?

A part çà, ce texte confirme mes soupçons, qui me disaient que PhY de Pont est un tombeur: il a l'air de très bien connaître les souris, ce gaillard.

 

 

Ah, j'oubliais: j'aime beaucoup ton encart publicitaire (y compris la petite légende).
Bien sûr tu en profites pour nous rappeler quel fin lettré tu es, quelle ampleur est celle de ta bibliothèque, quelles raretés elle contient.

 

 

Re:

Et bien, me trompe-je ou je sens là une petite pointe acérée qui me picote les côtelettes ?
Cher et magnifique leblase, tu ne peux pas savoir à quel point ma bibliothèque regorge d’ouvrages tous plus inattendus les uns que les autres.. J’ai aussi « Comment lacer ses godasses en vélo » de Albert Van Impenbroock, « Comment dégoupiller une grenade en mangeant des pâtes » de Luigi Estrone, « Comment violer un berger Allemand » de Knutt Von Bulot (à moins qu’il soit Breton celui-là)…Et tant de merveilles qui peuvent tout aussi bien réjouir le lecteur le plus intransigeant ou servir de cale pour un meuble mal fini.
 
Quand à l’invisibilité,  tu verras dans les prochains chapitres que c’est un vrai problème et pas seulement pour ceux qui sont invisibles et crois-moi ils sont beaucoup plus nombreux que tu le penses. D’ailleurs Pont recevra prochainement les huitièmes journées Internationales de l’Invisibilité, je reviendrais là-dessus prochainement. 
 
Les journées précédentes sont passées totalement inaperçues…
 
PhY

 

 

Re:

Cher PhY,
puisuqe tu vantes les titres étonnants de ta luxueuse bibliothèque, je ne puis résister, par pur esprit de compétition, à te dévoiler une des raretés de ma photothèque:


ce portrait de l'homme invisible pris au risque de ma vie, un jour de brouillard, au moment précis où l'éclair est tombé sur lui

 

 

Re:

Je ne dirai qu’une chose, le jour du jugement dernier il est dit que les moqueurs et les bonimenteurs devront rendre des comptes et expliquer pou                                 et avec qui ils se sont                 … Alors seulem                entendront les clairons et les pi                  dans les nuées éterne                     crois moi ça va          dans les gouttières.
 
Ph de ont
(P. d’encre sympathique !)  

 

 

sur l'invisibilité

Les belges décidément sont beaucoup moins cons que les oiseaux.

Le 18 novembre Bruxelles a rendu hommage à l'Homme dont les Films sont Invisibles.
Pierre Etaix a accordé une interview au magazine PARIS-MATCH Belgique du 13 novembre 2008. Elle est transcrite ici.

A part ça il devrait être possible de faire savoir à Pierre Etaix qu'on ne l'oublie pas complètement en France :
- Pierre Etaix expose ses dessins au Musée en Herbe du 17 décembre au 31 mars 2009. Musée en Herbe 21 rue Hérold 75001 Paris (entrée libre)
- En mars, il publiera un ouvrage Textes et textes – Étaix aux éditions du Cherche Midi.  -  clin d’œil aux proverbes de Chaval, lequel était un grand ami d’Etaix.
- Une grande fête en l’honneur de Pierre Etaix sera donnée au printemps au Théâtre du Rond-Point à Paris.

Les dernières nouvelles (mi décembre 2008) de l'affaire Etaix et Carrière sont données ici.

 

 

Réclame




ICI PROCHAINEMENT




Ouverture d'un Musée !

Archives


Mais cliquez nom d'une pipe !

Une galerie de photographies top


Toujours en magasin


Avis à la population !

Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un
contrat Creative Commons.
L'Ours & le tuliper, texte original déposé d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
.
Toutes les photos publiées sont originales.