Mots-clés : Princesse Mathilde, Prince Napoléon, Salammbô, Biba, Miss Herbert, Commanville
Suzanne :
- Oui mais là, c'est pas votre bonhomme qui me dégringole sur les meubles, c'est vous que ça échauffe ! Vous allez vous retrouver dans les pommes et moi à genou à votre chevet encore un coup.
Gustave :
- Les journaleux on guettés chacun de mes bouquins sans jamais cesser de m'emmerder, et ça, ça m'échauffe la couenne, tu peux le dire. Fut un temps j'avais la bienveillance du Prince Napoléon, Plonplon, qui m'appelait "Mon cher ami" grand comme le bras, mais ça ne les a pas impressionnés les couillons. Jamais empêché de me poursuivre non plus et certains continuent de le faire encore aujourd'hui. Sacré bon Dieu, je voudrais bien savoir lequel de mes proches instruit ainsi ce Maurice Frichet-Je ne sais pas quoi, qui gagne ses galons de fouille merde sur mon dos. Je te jure, en ce moment l'adversité est rude ! Aux armes !
Suzanne :
- J'en reviens pas ! Vous étiez ami avec l'Empereur ? Pour de vrai ? Ben dites donc, c'est pas rien.
Gustave :
- Pas seulement de l'Empereur, de la Princesse Mathilde aussi et surtout. Et aussi de l'Impératrice Eugénie. La pauvre, elle voulait même se déguiser en Salammbô pour je ne sais quelle mascarade qu'on donnait au palais. Elle souhaitait porter une des tenues que j'avais décrites dans mon roman. Alors ni une ni deux, je suis allé trouver Biba, un grand dessinateur et un grand bonhomme et il a dessiné la robe. Mais quand on a vue débarquer l'Impératrice, toute en mousseline transparente, les jambes dénudées, les seins et l'arrière train émmergeant de la finesse des tissus, le protocole a failli s'étrangler. Tu pense, la très catholique Eugénie qu'on asprergeait d'eau bénite toute la sainte journée et qui se promenait dans l'ombre des crucifix, défilant en robe moulante, les épaules découvertes, les cheveux défaits qui lui dégringolaient sur le popotin et des bagues en or plein les doigts de pieds ! Putain ! Vilain vilain au royaume d'Espagne...
Gustave repart dans un grand rire éclatant :
... J'imagine, avec une exquise et diabolique volupté, dans quelques décennies, la chasse au collégiens qui auront dérobé mon Salammbô dans la bibliothèque familale pour le lire en cachette, la nuit, à la lueur d'un quartier de lune, dans un dortoir silencieux. Et la curetaille paniquée, tirant, jusqu'à les arracher, les oreilles de ces effrontés, enfiévrés par les violences et les orgies carthaginoises. Quelle vision, quelle joie ! Quelle jouissance...
Gustave s'enveloppe davantage dans sa robe de chambre :
... Cette robe de chambre me fait peur. Et si je la donnais à ce pouilleux de Julio ? Tu vas voir, il va s'y installer en bavant et en tournant vingt fois autour de son cul... Hein ? Qu'en penses-tu ?
Suzanne:
- J'en pense qu'on pourrait faire le bonheur de gens plutôt que d'une bête avec cette robe de chambre? Ce chien est pourri, plus gâté qu'un gamin.
Gustave :
- Tu savais que je l'avais appelé Julio en mémoire de Miss Herbert ?
Suzanne :
- Qui est Miss Herbert ?
Gustave ;
- Une anglaise qui donnait des cours de langue étrangère à ma nièce. Cela fait si longtemps. Un beau petit lot avec ce qu'il fallait ou il fallait. Elle a bien failli devenir ma femme.
Suzanne :
- Quoi ? Vous avec une femme ? Je crois que je vais m'asseoir ! Ca alors ! j'ai du mal à vous imaginer avec une femme. Il vous en aurez fallu une qui soit muette !
Gustave :
- Ben dit donc, je t'en prie ! Justement, c'est un secret, il ne faut pas en parler, Caroline ne supporte pas l'idée que cette anglaise ait failli devenir sa tante. donc sa tutrice. Donc motus, elle a rayé Miss Herbert du vocabulaire familial. Elle a tant changé ma petite Caro.
Suzanne :
- Elle a de bonnes raisons ?
Gustave :
- Tu peux le dire. son père était un crétin congénital et son mari un médiocre absolu, doublé d'un incapable et d'un faux jeton. C'est lui qui m'a ruiné, littéralement et en quelques mois seulement. Je suis tellement naïf. Tiens, c'est peut-être Commanville le traitre, avec toutes les dettes qu'il a à rembourser.
Suzanne :
- Fouiller dans sa propre famille ? Pensez donc, ça retomberai tantôt sur sa femme et je ne vois pas où serait l'intérêt pour lui .
Gustave :
- Il monte Caroline contre moi et parfois elle l'écoute. Je suis convaincu qu'ensemble ils intriguent pour me jetter en dehors de la maison. Sais-tu qu'avec les papiers que j'ai signés pour pour sortir Commanville du pétrin, légalement je ne dispose plus à Croisset que d'une chambre et de mon cabinet de travail ! A leurs yeux de comploteurs je suis aujourd'hui devenu "un consommateur" dont il faudrait se débarrasser tout simplement.
Suzanne :
- Oh ! Là, vous charibotez un peu y me semble.
Gustave :
- Puisque je te le dis ! Je ne suis plus chez moi ! Et l'hiver, chaque fois que le gel prend au fond de la cour et que je patine jusqu'aux commoditées, "z'aux lieux ", dans le fond du jardin, je suis sur leurs terres. J'usurpe, j'outrepasse !
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PHOTOSMATONS Le blog très réussi d'une passionnée qui vous fera très probablement découvrir de jeunes photographes très talentueux et reviendra également sur les plus emblématiques Pour ma part, découvert cette année Saul LEITER photographe américain né à Pittsburg en 1923 SAUL LEITER Paolo VENTURA Italien un monde de poésie photographique sur le coin d'une table. PAOLO VENTURA Pour s'y retrouver.
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L'OURS & LE TULIPIER : L'intégral.
L'OURS ET LE TULIPIER", texte intégral original déposé,écrit d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
Pour en lire l'intégralité, aller dans "Archives" puis "Août 2008" et enfin "O4/08/08". puis "Article suivant" au bas de chaque page. PhY de Pont L'OURS Pages 46 à 48Commentaires
Ah lala, l'évocation de la prude et très catholique Eugénie de Montejo les fesses à l'air, en tutu et décolleté transparent! Mais qu'est-ce qu'il lui faisait boire, Gustave, à l'impératrice?
← Re: Plon Plon (PhY de Plon ???)
T’as bien raison cher leblase c’est bien du Plon-Plon dont il s’agit ! La terreur du net, le Poutine des gazettes, « le » Sarah Palin des revues parisiennes, oserai-je… le tampon des périodiques. Et bien oui, sa petite impératrice avait une belle réputation elle aussi, Hugo (Victor, pas Boss) écrivait :
Montijo, plus belle que sage,
De l’empereur comble les vœux :
Ce soir s’il trouve un pucelage,
C’est que la belle en avait deux…
Mais après tout, il fallait bien qu’elle use de tous les stratagèmes pour essayer de s’attirer les « honneurs » de son impérial époux qui lutinait allègrement de son côté, la liste des demoiselles de cabinet était longue : Rachel, Jeanne de Tourbey, la belle Cora Pearl que les connaisseurs surnommaient « la Grande Horizontale » et dont le pseudo était plus excitant que le véritable patronyme : Emma Cruch… Pour ne parler que des têtes de séries.
Notre Gustave et ses camarades de jeu firent ce qu’ils purent pour affronter la terrible censure du Plon-Plon mais à la fin, et comme il en sera bientôt question dans l’Ours et le Tulipier, Flaubert fut quand même obligé de faire un peu de lèche pour quelques petites indulgences..
Alors aujourd’hui, le Flaubert, il se ferait tailler des costumes dans le Canard Enchaîné..
A propos Maître insubmersible, je n’aime pas les imbéciles est-ce répréhensible ?
PhY de Pont pont pont…
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