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PHOTOSMATONS

Le blog très réussi d'une passionnée
qui vous fera très probablement découvrir
de jeunes photographes très talentueux
et reviendra également sur les plus emblématiques

Pour ma part, découvert cette année
Saul LEITER photographe américain
né à Pittsburg en 1923
SAUL LEITER


Paolo VENTURA Italien
un monde de poésie photographique
sur le coin d'une table.
PAOLO VENTURA


L'OURS & LE TULIPIER : L'intégral.

L'OURS ET LE TULIPIER", texte intégral original déposé,écrit d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
Pour en lire l'intégralité, aller dans "Archives" puis "Août 2008" et enfin "O4/08/08". puis "Article suivant" au bas de chaque page.

PhY de Pont

 L'OURS Pages 5 à 6

Note : 2.6/5 (15 notes)

 

Mots-clés : , ,


Suzanne :
- Après il y a eu un embrouillement terrible, d'autres soldats sont venus, sans bien comprendre ce qu'il s'était passé. L'un deux s'est effrayé et il a tiré sur mon père, là, dans la poitrine. Il était à moins d'un mètre. Sa poitrine, mon Dieu, sa poitrine, j'ai vu son horrible poitrine quand on a ramené papa à la maison, ce n'était plus qu'une grnade plaie qui bougeait à l'intérieur. Je l'entends encore hurler et pleurer de douleur. Il est mort après deux jours de souffrances. Maman est morte aussi, deux semaines plus tard. Un maladie de la toux on a dit. Je crois qu'elle est morte de chagrin. Elle toussait depuis longtemps déjà, c'était pas ça, elle ne voulait pas lui survivre, trop de dégoût. Je lui en ai voulu d'être partie en me laissant toute seule. Mais c'est passée, un peu, maintenant. Tout ça pour une pauvre accident.
Suzanne a les yeux remplis de larmes, elle s'interrompt.
Pour la première fois, Gustave semble voir la jeune servante. Il l'observe dans la fumée de sa pipe, tire ses moustaches jaunies par le tabac. Il reconnait enfin :
- Et bien ma pauvre, en fin de compte ta soupe ne semble pas meilleure, ni plus chaude que la mienne. Quel désastre.
Suzanne est soulagée d’avoir vidé son chagrin, le souvenir de ses parents et l’émotion de s’être livrée au grand homme qu’elle respecte et surtout qu’elle admire tant lui tire des spasmes, des sanglots profonds et libérateurs. Elle continue son récit :
 - Depuis ses treize ans ou quatorze ans, Maman n’avait connu que Papa, jamais deux êtres ne s’étaient aimés comme eux. Il était son mari et son amour, mais aussi sa force et son avenir.
Gustave reste dans ses pensées, une triste lueur illumine son regard, celle des souvenirs cuisants des horreurs de la guerre..
-  On a mal compté les victimes de cette abomination, en fin de compte ce merdier a fait autant de morts vivants que de cadavres.
Suzanne poursuit dans ses souvenirs 
- Les Prussiens se sont retirés en dehors de la ville et en partant ils ont brûlé l’atelier. En quelques semaines je n’avais plus personne et plus aucun bien. J’ai su après que l’ouvrier avait été tué sur le coup et que mon père était mort pour rien.
Gustave 
- Il y a comme ça des destins obscurs. Certains hommes sont sacrifiés, ils n’ont d’autres missions que de servir d’intermédiaires, à je ne sais quoi. Ton brave père était sûrement l’un d’eux, un de ces hommes qui maintiennent l’esprit dans des hauteurs d’où on peut voir l’humanité tout entière et comprendre l’éternelle misère de tout. La vie s’en fout et les franchit, comme des ponts.
 Suzanne a les yeux rougis, elle essuye son visage dans ses grands chiffons.
 - Un des ouvriers et sa femme m’ont recueillie un moment, ils demeuraient à quelques pas de la fabrique, rue de la Porte aux Rats. Tous les jours, pendant des mois, je venais voir ce qui restait de notre vie : des ruines noircies. 
Gustave :
- Et ensuite ?
 Suzanne
- J’ai été placée, par-ci, par là, de maison en maison. J’ai fait des ménages aussi et chez les Ronsay, j’ai rencontré Julie. Cette chère Julie, elle est revenue me voir, comme sa nièce était souffrante. Je la bénis et le ciel aussi de m’avoir demandée de venir à Croisset à votre service et de pouvoir veiller sur vous, un peu, pendant son absence.
Gustave prend une plume et la plonge dans la gueule de son crapaud :
-Ton histoire est un beau début d'histoire dis-moi, de bonnes bases pour de l'écriture.
Suzanne se rélève de son fauteuil et frotte son tablier du plat de ses mains :
- Oh, il n'y a rien d'autre à ajouter à ma vie, elle n'est que peines et larmes, ça ne vous prendrai guère longtemps pour l'écrire et m'est avis que ce serait bien ennuyeux.
Gustave poursuit dans ses notes, il lève quand même un oeil noir sur Suzanne :
- Tu permets, si je juge que ça peut s'écrire,. D'ailleurs crois-moi, on compte sur les doigts de deux mains les bons ouvrages nés des grands récits, ce ne sont pas les histoires qui font les livres qui franchiront les époques, c'est le style.
Suzanne reste plongée dans ses souvenirs, elle passe mécaniquement son plumeau sur le bord des étagères, affleurant à peine les reliures.
- Je m'en veux tant de n'avoir rien pu faire pour ma mère et mon pauvre Pé.
Gustave se dresse à son tour, étirant son corps endolori par les heures d'écriture, il s'approche de Suzanne et pose main lourde main sur l'épaule frèle de la jeune femme.
- Et que pouvais-tu faire ? Hein ? Ne te blâme pas Suzanne, tu es admirable et je le pense. Fais moi confiance. Si tu veux te rattraper, bientôt ta tâche sera immense. On va en voir des nécessiteux, il en viendra de plus en plus souvent et ils seront de plus en plus miteux. L'éopque les confectionne industriellement, comme un pommier des pommes. Ecoute ce que je te dis ma chère fille, aujourd'hui n'est que la naissance de l'anéantissement du genre humain. Cette guerre a jeté tant d'éclopés sur les routes.
Suzanne :
- Dame, je les vois bien, il y en a partout, ils vont de ferme en ferme et mangent souvent moins que les cochons ou que les poules. Cette misère grandie comme une inondation, ce n'est pas possible d'aider tout ces malheureux.
Gustave secoue lentement la tête de droite à gauche :
- Et non, tu n'empêcheras rien et ton acharnement non plus, alors calme toi ! Apprends à ta poitrine à consommer peu d'air, elle ne s'en ouvrira qu'avec une joie plus immense quand tu seras sur les grands sommets de l'altruisme et qu'il faudra alors respirer les ouragans du progrès.
Suzanne :
- Dire qu'on invente des machines plus drôlettes tous les jours. En fin de compte c'est de la fumée, c'est le moyen-âge qui revient.

Commentaires

il faudrait enregistrer ces dialogues, J pourrait participer !

 

 

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L'Ours & le tuliper, texte original déposé d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
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