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PHOTOSMATONS

Le blog très réussi d'une passionnée
qui vous fera très probablement découvrir
de jeunes photographes très talentueux
et reviendra également sur les plus emblématiques

Pour ma part, découvert cette année
Saul LEITER photographe américain
né à Pittsburg en 1923
SAUL LEITER


Paolo VENTURA Italien
un monde de poésie photographique
sur le coin d'une table.
PAOLO VENTURA


L'OURS & LE TULIPIER : L'intégral.

L'OURS ET LE TULIPIER", texte intégral original déposé,écrit d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
Pour en lire l'intégralité, aller dans "Archives" puis "Août 2008" et enfin "O4/08/08". puis "Article suivant" au bas de chaque page.

PhY de Pont

 L'OURS Pages de 55 à 57

Note : 2.7/5 (13 notes)

 

Mots-clés : , , , ,



Gustave :
- Tu vas voir, nous allons finir par nous établir tous les deux. Regarde, vous ressemblons déjà à un vieux couple, avec nos chamailleries et nos regards par en dessous. Qu'en penses-tu ? Tu sais, c'est amusant, j'ai commencé ma vie d'homme dans les bras d'une petite bonne que ma mère avait prise à son service, c'est elle qui m'a dégourdi. C'est pour te dire tout l'égard que je porte aux femmes de ta condition. Je me souviens encore du goût laiteux de ses mamelons et de leur belle fierté. Ah ! Quel souvenir ! J'ai rêvé de me faire construire un petit palais à Venise ou mieux, un chalet sur le Bosphore, avec un kiosque au bout d'un parc, pour les soirs étoilés. Tu m'y aurais accompagné ?
Suzanne :
- Vous voulez dire à votre service ?
Gustave:
- Pas seulement.
Suzanne :
- Sûrement ! Je... Je crois. Mais vous auriez tôt fait de m'abandonner. Le monde des petites gens n'est pas toujours bien gai, je vous aurai vite lassé.
Gustave :
- Qu'est-ce que ça veut dire, ton monde, le mien ! J'en ai connu des femmes, de mon monde comme tu dis, une en particulier, certainement la femme la plus magnifique de Paris, la plénitude personnifiée. Hugo l'appelait sa "chère soeur", la splendide Louise. Elle était au sommet de son art, de sa beauté, à pleurer, à tel point que parfois cela m'effrayait. Comme m'effrayait l'idée de coucher avec elle et qu'elle ne veuille plus quitter mon lit.
Suzanne :
- Être beau à faire pleurer ! C'est rigolo ce que vous venez de dire.
Gustave :
- Très rigolo en effet ! Je suis un grand comique, tu ne savais pas ? Avec le temps, je me suis plus ou moins débarrassé de toutes les contraintes du sexe. Je pensais que ce serait plus difficile, mais c'est en définitive l'argent qui est toujours resté le vrai problème. Ne pas manquer d'argent vois-tu, ou plus exactement ne pas avoir à s'en préoccuper c'est ça le grand secret de l'écriture, de la mienne en tout cas, c'est la veine, l'aorte dramatique qui irrigue l'inspiration. Je me déteste, je viens de me laisser acheter par ces ministères que je dégueule, avec une pension minable odieusement déguisée sous les traits d'un hommage sordide... Je ne le crois pas moi-même ; j'ai été assez lâche pour accepter cette compromission. Regarde ! Tu as devant toi le futur Conservateur adjoint de la Bibliothèque Mazarine. 3000 francs d'appointement et absolument rien à foutre. C'est pas beau ça ?
Suzanne :
- Trois mille francs !!! Bonsoir ! Pour une fortune, ça c'est une fortune ! J'en connais qui feraient du grand mal autour d'eux sans craindre le purgatoire ! Trois mille francs ! Quelle somme.
Gustave :
- Tu parles ! Pour écrire il faut observer, sentir, entendre et toucher, les bibliothèques ont leurs limites, si tu ne vois pas le soleil se coucher à Saint-Malo, à Louxor ou sur les toits de Jérusalem, tu ne peux pas le décrire. Les couleurs Suzanne, les couleurs sont souvent les clés d'un bon roman. Avec trois mille francs tu ne tiens pas six mois.
Suzanne :
- Ben crotte ! Trois mille francs tous les six mois !
Gustave :
- J'avais réussi à conserver de moi-même un peu d'orgueil, j'ai tout bradé d'un seul coup. J'ai l'impression d'inhaler de la pitié. Quand je pense que cela va paraître dans le Journal Officiel dans quelques jours. Si par malheur les journalistes l'apprennent avant la parution il vont me dévorer, me donner en pâture, c'est certain.
Suzanne :
- Allez, ne vous rongez donc pas les sangs, ne pensez donc plus à tout ceux là, ils ne valent pas la peine. Trois mille francs !
Gustave :
- Tu as raison mon ange, ça va me gâcher la journée et franchement, ce serait vraiment dommage, elle a si bien commencé.
Suzanne :
- Regardez plutôt autour de vous, tous les gens qui vous aiment. Vos amis ont tous de l'attention pour vous. Même votre ami russe, celui qui vous envoie ces poissons fumés qui puent tant et ces boites de graines noires.
Gustave :
- Des graines noires ! Du caviar. Ah ,ah ah ! Des graines noires ! Tu me fait rire. Le caviar, voilà ce que j'appelle de la nourriture divine ! Ah je te jure que si on servait du caviar sur les hosties à la messe, tu me verrais plus souvent à l'église. Ce bon Tourgueniev ! Quel Prince. Il faut pourtant que je me méfie de ses bons conseils. Je me souviens, un matin,  il y a deux ou trois ans, je reçois une de ses lettres. Il me dit que je dois lever la tête de mes romans, qu'il faut que je sorte, que je fasse de l'exercice, il me conseille la marche, c'est un comble quand on sait que la plupart du temps il est chevillé au lit à cause de sa goutte, bref, comme un idiot je décide de l'écouter, de suivre ses recommandations et je me résous à laisser tomber mes plumes et ma prose pour aller gambader le long de la Seine. Et bien, une demi heure plus tard je me suis pété la guibolle sur la berge et je suis resté quatre mois sans pouvoir poser le pied par terre. Tu avoueras qu'il a une drôle d'influence le moscovite ! Mais qu'importe cette putain de fracture du peroné ! Vive les Russes ! Tovaritch !
Suzanne :
- Quelle horreur, jamais je ne pourrai avaler de cette cochonnerie noire, même avec du pain. Et ce maudit poisson tout suiffeux. Faut-y avoir faim. Ah ça, pour rien au monde je voudrai finir Russe.
On entend tinter la cloche du grand portail.
Gustave regardant par la fenêtre :
- Enfin, voilà la poste, sûrement.

Commentaires

message de service

PhY, ton billet est dans la catégorie "Flash de PhY" alors qu'il devrait être dans l''Ours et le Tulipier".

Au passage merci pour le lien à droite vers mon bloug.
Finalement parmi les actuels fervents dépendants (addicts) de tes livraisons quotidiennes, il n'y a que jean qui manque au panneau.
C'est bien joli d'inviter les midinettes à venir gouter son andouille de Guémené, mais il ne nous a pas encore donne le moindre indice sur son adresse, le roué !

 

 

Re: message de service

@ tilly
Merci chère tillly, je viens de faire la modification.
Effectivement, notre jean ne nous indique pas grand chose, mais tu sais, les familles et les amis sont ainsi, quand ceux qu'on apprécie arrivent à Noël,on leur donne un morceau de dinde et un coup de bûche,même si ils ne donnent pas de nouvelle tout le restant de l'année. :-)
L'Ours et le tulipier touche à sa fin, je pense que le prochain chapître nous conduira en Egypte, toujours avec Flaubert et des photos qui te rappelleront sûrement de bons moments.
PhY

 

 

nomade

désolé de ne pas avoir de chez moi. Faute de blog perso, je lis avec plaisir les vôtres :-)

 

 

Re: nomade

Ce n'était pas un reproche, fais comme chez toi.
PhY

 

 

Re: nomade

Cher nomade normand,

Cent pour cent d'accord avec PhY... et puis un grand chez les autres vaut mieux qu'un petit chez soi n'est-il pas ?

Boujou bien
Tilly (mais pas sur Seulles)

 

 

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L'Ours & le tuliper, texte original déposé d'après l'oeuvre et la correspondance de Gustave Flaubert.
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